jeudi 31 août 2023

Tout ce qui sent le Coran




Je trouvais aussi un certain calme au fond du jardin, où mon père avait fait construire une élégante pergola en bois, pour goûter en été, au sommet d'une petite colline artificielle, plantée de gazon, de quelques vares de haut, à laquelle on montait par un sentier en spirale. Mais souvent je devais fuir précipitamment ce mirador qui surplombait les murs grâce auxquels nous étions séparés de la rue. Au dehors retentissaient des coups de feu. Il y avait de soudaines et tumultueuses chevauchées ; des cris de femmes, des pleurs d'enfants. Et quoique au Parc Municipal, dans une fausse grotte tapissée de fausses fougères, ornée de stalactites artificielles, la fanfare des cosaques exécutât une musique de Grieg (je me rappelle que c'était celle du Roi de la Montagne, avec son début lent, grave, bas, obsédant, qui accélérait peu à peu le tempo jusqu'à se transformer en un finale presto...), le malaise, l'inquiétude, augmentaient dans la ville. Dans des processions de mortification, les mahométans portaient sur leurs épaules, les faisant ballotter au rythme de pas mesurés, de longues files de cercueils ouverts, avec leurs cadavres le visage découvert, gris, verts, parcheminés, pourris ou raides et desséchés, immondes, avec ces mouches qui volaient par-dessus, tandis que les gens du cortège funèbre et expiatoire portaient d'énormes drapeaux verts à l'arrêt sur des courroies pendues à leur ceinture. D'autres, derrière, le torse nu, se flagellaient avec des fouets en crin, avec des cilices garnis de pointes, avec des chaînes de fer ; ils marchaient les jambes arquées, des braies musulmanes enroulées autour des cuisses, dans lesquelles ils semblaient toujours porter des langes épais et dégoûtants. C'est peut-être en raison de mon amour pour Paraskeva, saint-Grégoire, saint-Nicolas, sainte Nina, évangélisatriste de la Géorgie, que je déteste tout ce qui sent pour moi le Coran. Je ne comprends pas l'attrait qu'exercent sur les étrangers les rues mahométanes, aussi sales qu'industrieuses, avec leurs ateliers d'objets damasquinés et leurs bourrelleries, leur boutiques où les marteaux frappent le cuivre de l'aube à la nuit, dessinant des géométries, des entrelacs et des arabesques, ou bien bosselant le métal de quelque vase, non loin du patio puant ou s'entassent des peaux non tannées et des queues de mouton frites dans leur propre graisse que l'on vend à l'entrée de boutiques enfumées, devant un éternel défilé de mendiants, d'individus couverts de plaies, d'infirmes, de teigneux, de boiteux, d'estropiés, d'aveugles aux yeux blancs, qui s'arrêtent aux coins des rues pour psalmodier des passages de leur Livre Sacré. Quand je les vois passer et surtout lorsque le sable se glisse le long de mon épine dorsale, s'introduit sous mes jupes, je rêve tout à coup au Nord ; au lointain pays où s'élèvent de vastes palais couleur d'algues et d'écume, où des frontons de style grec se reflètent dans des canaux aux eaux tranquilles, près de la halle au blé rouge des anciens marchands hollandais... hier soir on m'a emmenée à une représentation d'opéra.

Alejo Carpentier, "La Danse Sacrale". 

jeudi 17 août 2023

Météo


 


J'en ai plus qu'assez de ces "dômes de chaleur", de ces vents brûlants remontant du Maghreb, du Sahara. Enfin quoi merde ! Nous sommes quand même le 17 août ! Soit aux portes de l'automne ! Nous avons droit à nos orages bienfaiteurs ! 

Jadis, sur l'île de Pâques, les habitants érigeaient de monumentales statues de pierre, pour implorer les dieux de la pluie. Plus proche de nous, on bâtissait des chapelles pour prier contre les calamités naturelles. Moi, à "S", je consulte les applications météo. Et toutes, invariablement, obstinément, me répondent : pas de pluie, pas de pluie, pas de pluie... prévoir de 39 à 41 degrés le jour, 23 la nuit.

 Il y a de cela 15 ou 20 ans, j'aurais pu espérer une erreur de prévisions : dans le meilleur des cas elles étaient fiables à 3 jours grand maximum. Mais aujourd'hui, nos cieux sont parcourus par une myriade de satellites, qui auscultent les moindres mouvements du plus petit nuage, la direction des vents : à 10 et même 15 jours, les prévisions sont fiables à 90 %, les retournements de situation rarissimes ; on ne peut plus espérer l'imprévu. L'œil du paysan, ta grenouille, ton vieux baromètre, sont devenus aussi ridicules qu'inutiles. 

Et moi, de puiser dans les dernières flaques d'eau de mon ruisseau... 

Je vais migrer... Je serai le premier réfugié climatique du Bas-Vivarais... 

Adieu fenouil sauvage, miel de lavandes, cigales et mistral, farigoules et amandiers : je pars pour le Groenland ou l'Islande !


dimanche 13 août 2023

Lilye en vacances




Lilye est revenue de vacances. Et je crois qu'elle en est très soulagée. Une semaine à parcourir les rues de Palavas, du Grau-du-Roi, avec ce fichu nœud papillon rose accroché sur sa tête, quand je sais bien, moi, qu'elle a le rose en horreur, Lilye ; c'en était trop pour elle.

Au Grau-du-Roi on mangeait des moules à la sètoise, avec force pain, pour caler. On suçait des glaces à l'italienne, avant d'aller regarder tourner la grande roue de Palavas. La veille du départ, on a décidé d'un pique-nique, sur la plage des Aresquiers. On est parti sur le coup des cinq heures, avec la glacière. Quand le soleil est devenu une grosse boule orangée à l'horizon, on a sorti les merguez, les saucisses aux herbes, les chips et la bouteille de rosé ; on a allumé un feu de brindilles et de bois flotté. Lilye somnolait, sous une ombrelle plantée dans le sable, un œil sur les saucisses...

Le lendemain on a pris le TER pour Montélimar. Il s'arrêtait toutes les cinq minutes, prenait son temps pour remonter, le temps pour oublier les vacances. 

Quand elle a retrouvé ses collines, Lilye, la première chose qu'elle a fait, c'est de venir me saluer. Puis elle a sauté sur le muret. D'un coup de truffe au gré du vent, elle a mesuré les agapes qui l'attendaient en bas : épluchures de crevettes roses, vieux rogatons de picodons passés, os de côtelettes de porc : de mes ordures elle a fait un festin. 

Pendant ce temps, là-haut, sa maîtresse rangeait dans le tiroir de la commode la petite robe de coton blanc, les tropéziennes, les lunettes de soleil DC, achetées pour un prix dérisoire à un Africain sur le marché d'Aubenas (une affaire), et le nœud papillon de Lilye.

Jusqu'à l'année prochaine...

L'Île de Beauté



L'autre jour, ma belle et moi, avons fait un saut de puce sur l'Île de Beauté, en Balagne précisément, conviés à un événement familial. Et rien que d'écrire ces derniers mots, moi le Breton pur sucre, j'en suis encore tout étonné : ainsi donc, désormais, notre famille a une extension Corse... 

Durant ce trop court passage, outre la générosité de l'accueil qui nous fut réservé, j'ai pu entrapercevoir les raisons qui lui faisaient mériter son surnom : paysages splendides, profusion d'édifices religieux, impression d'Italie*.

De cette escapade, ici à "S", ne me restent plus qu'un morceau de Coppa, un sachet de friandises, et de belles images gravées dans ma mémoire.

*Voisine de 90 kilomètres, 12 si l'on tient compte de la Sardaigne. 






vendredi 4 août 2023

Dicton


 90% des émeutiers sont Français..., 90% des émeutiers sont Français..., 90% des émeutiers sont Français... 

Et je pense à ce dicton :
Ce n'est pas parce qu'une vache rentre dans l'écurie qu'elle devient un étalon... 

jeudi 3 août 2023

Carte postale


Aux pieds du Coiron et de ses falaises de basalte, au lieu-dit "La Roche-Chérie", voici la chapelle du même nom.

 Wiki nous apprend qu'elle fut construite au 19è siècle pour prier et lutter contre le phylloxéra. Aujourd'hui on demanderait des subventions à Bruxelles pour arracher les vignes... 







EN SAVOIR (UN PEU) PLUS

mercredi 2 août 2023

RL BURNSIDE




Moi, le raciste indécrottable, j'aurais aimé partager une soirée avec lui, ici, à "S". Nous aurions bu du rhum paille, ou du plus vieux. Et, rien que pour moi, il m'aurait joué ÇA.

On peut rêver...