samedi 29 juillet 2023

La danse sacrale




Alejo Carpentier, avec sa "Danse Sacrale", me fait redécouvrir le synonyme de "baroque" : surchargé. 

Je ne voudrais pas faire injure à Alejo, l'accuser de vouloir étaler sa science, son savoir encyclopédique, mais sa "Danse Sacrale", pour ce que j'en ai lu jusqu'à présent, n'est pas à proprement parler un roman. Mon avis changera peut-être au fil des pages, toutefois il me semble que ses personnages ne sont là que pour "illustrer" l'Histoire : ils sont des alibis. Vous me direz que c'est le cas de bien des romans. Il me semble cependant qu'ici c'est encore plus vrai, tant les personnages semblent effacés. 

J'émets cette hypothèse : Alejo Carpentier aurait hésité entre le métier d'historien et celui de romancier. Incapable de trancher, il aurait choisi de conjuguer les deux. Cela se sentait déjà dans "Le Siècle des Lumières", même si ce dernier avait toutes les caractéristiques du roman.

La "Danse Sacrale" (encore une fois là où j'en suis), me semble plus relever du travail de l'historien, habilement maquillé en romancier.

"Savoir encyclopédique", disais-je plus haut, c'est au fond la meilleure raison d'aborder et d'accepter, d'apprécier Alejo, et son partage des connaissances. 

En dépit des surcharges. 


F. M. 

Rajout du 31/07 

Un livre aussi doit éclore. Surtout un livre de près de 800 pages, qui se donne le temps de mûrir. 

Je suis bien contraint de retirer ce que j'ai dit sur l'inconsistance des personnages. 

Je maintiens en revanche l'aspect "surchargé", un peu trop "baroque" de "La Danse Sacrale". 

Alejo Carpentier, quand il partait en voyage, devait bien tasser ses valises, avoir peur d'oublier quelque chose... 

Reste, au fil des pages, un livre qui fini par devenir attachant. 



mercredi 26 juillet 2023

Cuba libre


J'ignore quels détours il aura pris, quel tortillard, Brive-la-Gaillarde quinze jours d'arrêt, changement pour Montélimar sur le quai d'en face, ou l'autre, m'enfin il est arrivé. 

Je l'avais commandé alors que je m'ennuyais à cent sous de l'heure en attendant ma belle. La belle est arrivée, tornade de complexités et d'exigences. 

Je crois que je vais attendre son départ pour me plonger dans ce gros roman plein de promesses :


mardi 25 juillet 2023

Dicton du jour



Si, un 25 juillet, tu ressors ta petite laine (ou regrette de ne pas l'avoir prévue dans tes bagages), redoute le changement climatique. 

dimanche 9 juillet 2023

Lilye



Quand elle déboule comme une folle sur la terrasse, elle n'arrive pas des Somalies, Lilye, mais du haut de la colline où crèche ma plus proche voisine. Lilye c'est un diminutif : en vrai elle s'appelle Pralinée.

Commence alors tout un cinéma. Elle se roule par terre, montre son poitrail, exige des caresses. Mais dans sa caboche de bestiole, il n'y a qu'une seule idée qui vaille et tourne en boucle : "y'a bien un truc à becqueter par ici dis"...

Y'a souvent des trucs à becqueter par ici : des os de côtelettes, des carcasses de poulet, des restes de pâtes ou de riz, que je balance par la fenêtre, à la fin de mes repas, un peu comme dans "Le Nom de la Rose", si tu vois. Ça fait le bonheur du blaireau, du renard, ou de Pralinée. Généralement au matin, il n'y a plus rien. C'est ma façon de partager.

Mais Lilye, Lilye... 

Quelle chienne ! 

Un soir, j'avais sorti du frigo mon repas du soir justement : une magnifique entrecôte. Un centimètre et demi d'épaisseur, vingt centimètres de long, quinze de large. En l'envisageant mon estomac en faisait des gargouillis... J'étais en train d'éplucher des échalotes pour la sauce au vin que j'avais imaginé aller avec. Pralinée semblait sommeiller, aux pieds du vieux meuble Directoire. 

C'est alors que me vint une envie impérieuse, de celles que connaissent un homme sur deux passé cinquante ans, qui sont longues à soulager pour un résultat très médiocre. Fissa je laissais là mon Opinel et sortis sur la terrasse accomplir la besogne, trop souvent remise sur le métier.

Quand je revins dans ma maison, Lilye n'était plus là. Mon entrecôte non plus. Ne m'avait laissé que les échalotes la salope... 

Dans le buffet j'ai trouvé une boîte de lentilles "préparées", périmée de deux mois. Je les ai réchauffées avec les échalotes. 

C'est bon les lentilles aux échalotes, m'enfin quand même... 

lundi 3 juillet 2023

Le rêve




Tout était charmant chez elle, son sourire, son timbre de voix, jusqu'à cet accent très "titi parisien" délicieusement suranné. Des cheveux bruns coupés à la garçonne, mais un petit haut blanc froufroutant très féminin lui, un pantalon crème sur des bottines de cuir noir. Je ne l'écoutais plus, j'étais sous le charme. Le coup de foudre intégral, tu piges, moi, à 62 balais... J'te jure...

On était dans un rade de banlieue, genre Meudon-belle-vue si tu vois, le temps passait si vite... À un moment je me suis dit que ma belle, l'officielle, allait se demander ce que je foutais... 

- il faut que j'y aille tu sais... 

Tout était fort, tout était vrai, jusqu'aux sentiments que j'éprouvais en cet instant, ce revival inattendu qui me laissait chancelant, hébété, où déjà j'entrevoyais les abîmes de tiraillements, de duplicité, toutes ces tortures qu'aime a provoqué l'amour.

Nous sommes sortis. Je l'ai serrée dans mes bras à l'en étouffer. On se serait cru dans un film de Truffaut... Ou, pire, de Lelouch... 

- il faut que l'on se revoit très vite... 

- oui... 

Dialogue authentique. 

J'entendais le train de Paris qui entrait en gare. 

- attend !, quelle me dit, ferme les yeux... Rouvre-les ! 

Elle me tendait un Carambar...

Je l'ai embrassée une dernière fois puis j'ai dévalé les escaliers, me suis trompé de quai, ai remonté les escaliers et redescendu les bons, juste à temps pour voir le train repartir sans moi... Le souffle coupé je me suis assis sur un banc, ai commencé à machouiller mon Carambar, qui lui aussi avait pris un coup de chaud.

C'est à ce moment là qu'une envie pressante m'a tiré de mon sommeil. 

Il est rare de reprendre un rêve interrompu. C'est bien pourtant ce qu'il s'est passé pour moi cette nuit-là.

Le décor avait changé. Nous étions trois hommes et deux femmes, dans une sorte de garde-meubles, à ranger des bibelots, vaisselle précieuse, objets fragiles d'un autre âge. Ma princesse de banlieue était là elle aussi. Sauf qu'elle semblait ne plus me voir, n'en avait que pour un jeune homme, aimable jeune homme d'ailleurs, qui n'était pas avare de blagues, de bons mots. 

Son regard enamouré ne quittait plus le corps avantageux de l'inconscient qui donnait l'impression de ne rien comprendre... Et moi, dévasté, ravagé, d'observer impuissant la scène. 

C'en était trop ! 

J'ai prétexté un coup de frais sur mes épaules pour me réveiller de nouveau. Je suis allé à la fenêtre. Dehors le ciel commençait à bleuter, les piafs à chanter. 

- merde, me suis-je dit, pour une fois que j'en faisais un bon... 

samedi 1 juillet 2023

Premier juillet




Le premier juillet, alors que vous vous apprêtez à prendre la route des vacances, et que vous étudiez une dernière fois l'itinéraire "bis" de Bison Futé, tout une série de mauvaises nouvelles passent en catimini, surtout des augmentations, que vous aurez oubliées à votre retour. Sont malins au gouvernement... 

Le premier juillet tout augmente donc, y compris mon âge : hier encore en m'endormant j'avais 61 ans ; ce matin voilà-t'y pas que j'en ai 62... Comme ça... D'un coup...

Mes os en craquent de partout...