lundi 26 juin 2023
samedi 24 juin 2023
Un p'tit tour et puis s'en va
C'est un gros malentendu. Une bévue.
Quand je pense qu'il n'aurait suffit que d'une remise de deux ou trois médailles pour la prise de Bakhmout, d'une bonne tape amicale sur l'épaule du mercenaire pour éviter tout ce cirque...
Il a manqué de tact Vladimir sur ce coup-là : ça compte les médailles, surtout en Russie...
🙄
jeudi 22 juin 2023
Implacable sécheresse
De mémoire de cigales on avait jamais connu ça. À tel point qu'une réunion de crise a été décidée avec les lézards, qui eux non plus n'en mènent pas large.
On plaisante on plaisante...
Mais il ne faut pas plaisanter avec le réchauffement climatique. Il se dit que les glaciers de l'Himalaya fondent à la vitesse grand "V".
Alors moi c'est plus trop dans mes cordes, mais si l'un (ou l'une) de mes commentateurs pouvait aller faire un petit trek au Népal pour vérifier la chose, je lui en serais infiniment reconnaissant.
Sur ce je m'en vais enfiler un pull...
samedi 17 juin 2023
Sont pas tous comme ça...
Jean Giono avait une vision sombre de l'humanité. Qu'on en juge :
Alors, pour en revenir à ces gars, ces choses contenues de leur désir et de leur amour, ça se changeait en méchancetés contre les gens et les bêtes. Ils étaient là, avec leur barbes comme de la mousse, avec leur gestes habitués à l'espace de l'air et qui étaient plus larges que les nôtres. Le Boniface avait apporté dans la poche de sa veste de velours cette petite colombe des bois. Il s'était mis dans la tête, là-haut, de l'apprivoiser, et comme chaque fois qu'il la lâchait elle jaillissait dans la cabane, renversait la chandelle et volait comme une folle contre le mouchoir de la fenêtre, il lui avait cassé une épaule.
Oui.
Vous voyez ça ?
C'était déjà pas mal ; et il avait fait ça à jeun, de son libre propos, avec ses grosses mains qui sont comme des feuilles de bardane. Oui, il avait serré l'oiseau gris dans sa grosse main et il avait tordu l'aile jusqu'à entendre craquer les os. Que voulez-vous?...
Donc, elle était là, la pauvre bestiole, toute estropiée, à traîner son aile comme un poids mort ; elle était là, avec cette chose morte qui lui pesait. Comme ça, il lui avait enlevé d'un seul coup tout le ciel, tout le bon d'aller dans le vent à la vitesse de l'air. Elle était là, à se traîner sur la table, dans de la dégueulure de vin.
Lui, étalé sur sa chaise avec son ventre plein qui débordait du pantalon, il riait. Il riait et il regardait cette pauvre petite chose. Il avait appesanti sa force sur ça, et d'une bulle de plume il en avait fait cette petite pelote toute gauche, qui boitillait contre les verres, qui était là à se traîner en gémissant. Quand elle s'éloignait de lui, il la giflait d'un revers de main, et il la renvoyait comme une balle au milieu du vin répandu. Et alors l'oiseau essayait d'ouvrir ses ailes, et la plaie de son épaule se déchirait, et il avait alors un long cri pour se plaindre, et il restait longtemps le bec ouvert, tout tremblant et la tête éperdue.
Jean Giono, Solitude de la pitié
vendredi 16 juin 2023
Retrouvailles
J'ai retrouvé mon galurin, perdu dans le ruisseau voilà un mois, sorte de Panama de Prisunic, qui faisait illusion sur mon crâne dégarni.
Alors forcément, après tant de jours passés sous les averses et la grêle, il a perdu beaucoup de sa superbe.
Qu'importe : une fois séché au soleil implacable de "S", je ne doute pas qu'il ne me rende encore et longtemps de bons et loyaux services.
mardi 13 juin 2023
Tropicalisation
C'est tout de même une chose pas banale que de vider une maison qui fut la vôtre durant toute votre jeunesse, celle que vos parents avaient choisie pour nous y regarder grandir, celle que mon père occupait encore il y a quelques semaines. C'est pourtant ce que nous avons fait ma sœur et moi, son mari et mon frère aîné, durant près de deux semaines. Dans ces moments là il ne faut pas trop tergiverser :
- tu veux ça ?
- ah non, merci bien ; déchetterie.
Ce fut un peu harassant mais c'est fini. Bientôt nous passerons devant mais ça ne sera plus chez nous. Nous lui avons donné une nouvelle jeunesse pour la rendre plus attrayante. Depuis elle fait le trottoir en attendant le client : c'est 300 l'amour.
Nous verrons bien si c'est une gagneuse...
De retour à "S".
Il se passe cette année un phénomène étrange et inédit, une sorte de tropicalisation que l'Italie connaît aussi. Il ne pleut pas énormément mais régulièrement, le tout dans une chaleur qui frôle les 30 degrés. Il en resulte une évaporation et une moiteur inhabituelles pour la région. Des bancs de brume descendent des collines, dévalent dans les vallons, dissipent les contours. Pour un peu je pourrais me croire revenu au temps où j'escaladais la montagne Pelée par la rivière Blanche, du côté de Saint-Pierre. Il y a dans un recoin de cette montagne un endroit que l'on nomme "l'Eden". Il est continuellement ennuagé. Les fougères arborescentes, toute la végétation, s'y trouvent comme sous un perpétuel brumisateur, et en profitent démesurément.
Ici à "S", ne manque plus que que le chant de quelques oiseaux exotiques pour que je parte à la recherche du canal des Esclaves.
Les petits plants de vigne que j'ai mis en terre voici un mois semblent se plaire ici. Il faut dire que c'est un peu comme s'ils retrouvaient leur terre natale.
Ce ne sont pas n'importe quels plants de vigne. Il s'agit ici de la vigne "fraise", ou "Fragola Nera", dont le raisin a le goût des fraises des bois. Jusqu'au milieu des années trente il était très répandu dans le sud de la France et en Corse, apprécié pour sa résistance aux maladies et son rendement. Mais les autorités sanitaires de l'époque l'accusèrent de donner un vin qui rendait fou. L'arrachage fut décidé et ordonné. Ce fut fait dans le midi où il n'en reste quasiment plus. Mais en Corse..., en Corse...
Les miens c'est fiston qui me les a ramenés de l'île de Beauté, sous la forme de petits bâtonnets à l'apparence de bois mort. Je les ai mis à bouturer dans ce que nous appelons notre salon chinois, orientés vers le soleil, eau fraîche, changée tous les jours. Et ça a marché ! Une vigne voyageuse en somme : Calvi-Paris, Paris-Montélimar.
Il y a aussi à "S" deux arbustes qui semblent apprécier l'original climat de cette année, deux eucalyptus plantés par fiston. Ma belle et moi les appelons les "ouistitis", ou fiston et fiston. Sous un certain angle ils semblent s'enlacer, se murmurer des blagues, des confidences. Il n'y a qu'une bourrasque de vent pour, très provisoirement, les séparer.
Voilà...
J'ai un peu l'impression d'être dans le "Paradou" de Zola, et c'est très bien ainsi.