mardi 31 janvier 2023

Casser la couille

 

                                                                         L'affiche du jour

 

- crois-moi n'y va pas : TU VAS TE FAIRE CASSER UNE COUILLE.

Ainsi tentait ma belle, ce jour de grande agitation, vers midi, de me dissuader de me rendre à la manifestation contre la réforme des retraites, dont le parcours passait non loin de chez nous. C'est vrai que ce genre de fait-divers refroidit les ardeurs... Mais bon, mes désirs reproductifs sont passés et accomplis, alors une de plus ou une de moins... 


 

J'ai rejoins le boulevard de Port-Royal, que j'ai ensuite remonté vers la tête du cortège, avenue des Gobelins, puis je m'y suis mêlé, avec les gens de Sud je crois. Mais l'on piétinait, ce qui me fait horreur. J'en suis donc sorti et, du trottoir, j'ai observé la foule qui passait. Il y avait là beaucoup de visages abîmés, des visages pour lesquels il aurait été bien hasardeux de donner un âge. D'autres encore, que l'on devinait encore jeunes, mais pour qui 62 ans c'est déjà une gageure. L'argument de l'augmentation de l’espérance de vie est pour moi fallacieux. Je l'ai dit mais je le redis, c'est un peu la même chose qu'avec les APL. Le propriétaire d'une chambre de bonne, dont la valeur locative est de 500 euros, n'hésitera pas à proposer un loyer de 800. Au candidat à la location qui s'étonnera d'un tel prix, il répondra "ben quoi ? Vous touchez les APL non ?" De même que les quelques années d'espérance de vie gagnées (il n'y a rien de moins sûr) ne sont pas faites pour les passer au turbin, les APL n'avaient pas vocation à finir dans les poches d'un propriétaire, mais à manger autre chose que des nouilles.

Et puis il y avait ceux, nombreux, qui approchaient de l'âge du départ, qui allaient attraper le pompon, et qui le voient subitement s'éloigner ; c'est vicieux...

 


 Tout doucement je suis arrivé à la hauteur du restaurant "La Rotonde", rendu célèbre un soir de 2017. A la hauteur des CRS, j'ai entendu dans un talkie-walkie la consigne suivante : 

- l'idée c'est de ne pas fixer le bloc mais au contraire de le pousser à avancer. Bien reçu ?

L'idée était de sauver "La Rotonde", qui a BEAUCOUP SOUFFERT DANS UN PASSÉ RÉCENT.

La Rotonde fut sauvée et j'en fut quitte pour une belle frayeur, quand les agitateurs en noir furent repoussés sans ménagement sur le boulevard du Montparnasse. Pourtant je le sais que pour éviter les emmerdes il faut être soit très en aval ou très en amont de la tête de cortège ! Je me suis fait surprendre... Je vieillis moi aussi...

Plus loin encore ils étaient attendus ces Black-Blocs, comme ils se nomment, avec force gaz lacrymogènes. Ce qui fit dire à un manifestant lambda dont la gorge et les yeux s'irritaient "voilà une randonnée bien mal organisée, je me plaindrai à mon syndicat"...

Quant à moi j'en avais assez vu.

Les jambes un peu lourdes mais les bollocks sauves, j'ai rejoins l'avenue du Maine, qui monte vers mon chez-moi. 

Une de plus !

PS : le synonyme de progressisme ? Régression ! 


lundi 23 janvier 2023

De la manufacture à "Nostalgia"

 


- Il y a une exposition à la Manufacture des Gobelins sur le mobilier des années trente aux années soixante, ça te dit ?

C'est la proposition que me fit ma belle hier, après le déjeuner.

Moi, trotter aux côtés de ma belle, même dans les froidures hivernales, ça me dit toujours : je suis un vrai toutou. 

Et c'est ainsi que nous remontâmes le boulevard Arago, vers cette exposition temporaire qui avait pour nom celui que l'on peut lire sur la photographie en tête de ce billet.

Il y avait de belles choses évidemment, mais l'on sentait, comme pour l'immobilier d'ailleurs, le tournant de la guerre de 14. Là aussi on entrait dans la modernité et le kitch. Le kitch de qualité encore, mais un trait définitif avait été tiré sur l'Ancien Régime. Malgré tout, avant Conforama et Ikéa, ça restait une promesse enviable, désirable pourquoi pas.

Nous sommes ressortis sur l'avenue des Gobelins, la remontant avec pour objectif d'aller prendre un verre chez "Jules", place d'Italie, sans grand espoir d'y rencontrer Houellebecq puisque ce dernier a déserté le quartier depuis qu'il s'est trouvé une fiancée. Arrivés à la hauteur de l'UGC, nous avons regardé les affiches.

- y'a pas grand-chose, constate ma belle.

- y'a "Nostalgia", lui ai-je répondu.

- ça parle de quoi ?

- je ne sais plus. Mais j'ai lu de bonnes critiques.

C'était un peu faiblard comme argument. Mais elle m'a dit "banco", je t'invite.

Eh bien mesdames et messieurs, s'il y a un film à voir en ce moment sur grand écran, c'est bien celui-ci.

C'est un film italien dont l'action se déroule à Naples, Naples qui est un acteur à part entière. Nous sommes entré dans la salle, petite, alors que le film n'allait pas tarder à commencer, si bien que nous n'avons pu choisir nos places d'élection qui sont celles du milieu. Ne restait plus que celles, délaissées, du premier et du second rang. L'inconvénient s'est transformé en privilège : nous avons arpenté, derrière le personnage principal, comme si nous y étions, les ruelles décaties de Naples, magistralement filmées.

Qui dit Naples dit mafia, la mort qui rode. Mais nous ne sommes pas chez Scorsese : ici c'est la mafia à taille humaine, si j'ose dire, une impasse sordide qui ne fait pas envie. Les fantômes du passé n'y sont qu'assoupis, et c'est une erreur que de les réveiller... (une scène, et ce n'est sans doute pas un hasard, m'a fait penser à Pépé le Moko).

Oui vraiment, "Nostalgia" est le film qu'il faut voir en ce moment.


 

En attendant un peu de chic décoratif :








Et sur le chemin du retour, du côté de la Butte-aux-Cailles, sur un mur :



jeudi 19 janvier 2023

Marche blanche




Je ne suis pas allé à la marche blanche pour les retraites. Même si je ne suis plus concerné, ce n'est pas l'envie qui m'en manquait. Oui mais voilà : toutes les stations de métro étaient fermées, les agents de la RATP s'étant massivement mis en grève... Traverser tout Paris à pinces était au-dessus de mes forces.

J'invite les organisateurs des prochaines manifestations à trouver un itinéraire moins éloigné de mes pénates, s'ils veulent s'assurer de ma participation... 

mercredi 18 janvier 2023

Interlude

 Avec le son c'est encore plus joli :

 

 

dimanche 15 janvier 2023

La dictée incorrecte

 


Cette tafiole, par ailleurs mon ami, fréquentait un repaire de tarlouzes comme lui, tenu par un nabot, israélite de surcroit, du côté de la rue Sainte-Anne, qui acceptait les nègres à condition que ces derniers fussent vêtus de cuir sur leur peau nue, ce qui n'était pas pour déplaire à certains bamboulas de mes connaissances, dont mon pote donc. Établissement longtemps fermé, les clients ayant tous plus ou moins fini sidaïques dans les années 90, à force de se faire enculer tous les soirs, à l'aveugle, dans les backrooms du sous-sol du bouge.

Il se dit qu'il rouvre ces jours-ci. Une cagole au regard de salope, avec une bouche à turluter du boche, fraîchement débarquée de ses calanques, une pouffiasse argentée à n'en plus pouvoir, aux allures de travelo, vaguement goudou, qui s'asperge de Coco Chanel tous les quarts d'heure pour masquer ses odeurs, s'est mis en tête d'en faire le dernier endroit à la mode, un peu comme Régine jadis avec son "New Jimmy's". Des bâtards, des gogoles un peu jaloux sans doute, l'allument dans la presse, affirment qu'elle ne tiendra pas six mois, que son modèle a fait long feu, prédisent à la grognasse la pire des déculottées : d'une ancienne tanière à pédés, elle entend faire un lieu de rendez-vous non genré. 



vendredi 13 janvier 2023

Aphorisme nocturne et désabusé


Donc la seule solution pour sauver ce pauvre pays c'est de faire travailler plus longtemps les vieux. 

Et après ?

Petit élément que j'apporte en complément ce samedi et que je soumets à la réflexion des visiteurs de Demain à l'Aurore.

Et je trouve qu'il a bien raison le monsieur de la CGT. Cette réforme me fait penser à ce propriétaire d'une chambre de bonne dont la valeur locative est de 500 euros mais qui décide de la louer 800 : "Ben quoi, où est le problème ? Vous touchez bien les APL non "?  

Ben oui ducon, mais ce n'est pas pour te les refiler !

 

 « La réforme cherche à rapprocher l'âge légal du départ à la retraite de l'âge moyen de la mort des travailleurs. Et au nom de quoi les années de vie qu'on gagne on devrait les donner à un patron ? »

Les citoyens européens sont victimes d'une "idée"


L’édito de Natacha Polony, Marianne du 12 au 18 janvier 2023. Image cliquable pour une meilleure lecture :




jeudi 12 janvier 2023

Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs




Je reçois de drôles de trucs quand même dans ma boîte mail... 

Il doit y avoir confusion : oui, dans un passé largement révolu, j'ai appris à manier l'équerre et le compas, l'herminette et la bisaigüe. J'ai porté les couleurs, chanté les chansons profanes aux banquets. 

Pour autant... 

Jamais mes compagnons m'ont appelé "frère", mais plutôt "la coterie". 

Si j'ai eu à connaître le labyrinthe et le bandeau sur les yeux, je n'en ai tiré aucun profit ou privilège, sinon ceux de bons moments et de belles amitiés (fraternelles ?). 

Ce "spam", qui repose là où est sa place, dans ma poubelle internétique, aura réussi à remuer chez moi de lointains souvenirs, quand je "transitionnais" de l'adolescence à ma vie d'homme... 





vendredi 6 janvier 2023

La traversée de Paris


            Photo d'illustration 


Président vient de passer sous ma fenêtre. Il revenait d'une escapade en France périphérique. 

Ça faisait déjà un petit moment que les flics hurlaient dans leurs sifflets aux automobilistes de bien vouloir circuler, un peu plus vite que les trente à l'heure pour une fois, et en dépit des feux de signalisation : tout frais du matin, gantés de blanc, sur leur trente et un, ils dégageaient la route. 

Puis le cortège est arrivé, gyrophares bleus, sirènes hurlantes, par l'avenue du Général Leclerc, pas moins de dix voitures et motos (très mauvais bilan carbone...), s'est engouffré dans celle du Maine, forçant le passage. Le temps pour le policier, mission accomplie, de ranger son sifflet, de démarrer sa mobylette, que Président était déjà sur le pont Alexandre III. 

Comment voulez-vous connaître un pays quand vous le traversez si vite ? 

Il siffle Mozart, Bizet, et beaucoup d'autres

 

Je ne le connaissais pas. Et pourtant ce n'est pas tout à fait un perdreau de l'année. Il a même fréquenté les plateaux-télé où j'aurais pu le croiser par le passé.

C'est hier dans ma voiture, bloqué dans une artère congestionnée de Paris, que je l'ai découvert. C'est assez talentueux et, dans cette époque où le one-man-show est devenu le repaire de la vulgarité, plutôt rafraîchissant. Qu'en pensez-vous ?

 

 

jeudi 5 janvier 2023

حروف فارسی




اول از همه به عنوان مقدمه به شما بگویم که من از طرفداران شارلی ابدو هم نیستم.

پس از گفتن این، باید بدانید که این یک هفته نامه فرانسوی است که بهای بسیار زیادی را برای آزادی پرداخته است، آزادی که برای ما عزیز است. اما شما مطمئناً این را می دانید ... بدون شک خوشحال بودید ...

"چطور میتونی فارسی باشی؟" از دیگری پرسید. از خود بپرسید "چگونه می توانید فرانسوی باشید".

اما شما هم این را می دانید. حتی اگر امروز مورد سوء استفاده انبوهی از افرادی قرار می گیرد که از آنها متعجب می شود که اینجا به دنبال چه چیزی هستند، فرانسه همچنان کشوری است که به زنان احترام می گذارد و به آنها احترام می گذارد، با آنها به عنوان یکسان رفتار می کند (در همه موارد آنها همیشه آزادانه در خیابان های ما راه رفته اند). همیشه از طریق تئاتر، آهنگ یا کاریکاتور قدرتمندانی را که بر آن حکومت می کنند مسخره می کردند.

به همین دلیل است که حتی اگر مثل خیلی از ما شما را اذیت کنند یا ناراضی کنند، ما آنجا خواهیم بود تا شارلی ابدو همیشه طعم بدش را منتشر کند.


Voilà... 

Il fallait que cela fût dit. 

Mais un dessin, n'est-ce pas, vaut mieux qu'un long discours mal traduit par Google...


lundi 2 janvier 2023

Poème






Auteur inconnu, source "Pour tout l'or des mots", Robert Laffont, 1996 :


Quand Adam fut créé, tout seul il s'ennuy  A

Dans de vagues pensées, trop souvent absor  B

Il suppliait son Dieu de les faire ces  C

Dieu crut à ses désirs devoir enfin cé  D

L'homme en fut pour sa côte... Ève alors fut créé E

Elle était séduisante et belle au premier ch'  F

Depuis la création, la race a peu chan  G

Et de plaire et séduire, elle s'est faite la t'  H

À force de l'aimer, le monde s'arrond  I

L'amour, ce doux plaisir, cette douce ma  J

Ne donnait que bonheur et jamais de tra  K

La femme était constante et le mari fid'  L

Que faire ? Ils étaient seuls... il faut bien que l'on s'  M

Pas de rivaux d'amour, pas d'ennuis, pas de  N

Oh ! C'était le beau temps des plaisirs, du rep  O

Tandis que, de nos jours, on voit l'homme occu  P

Courbant sous le destin, par le besoin vain  Q

Et pour qui le travail, devenu nécess'  R

S'assied à son chevet, le poursuivant sans c'  S

Et bien, soit ! travaillons... et vive la gaie  T

Que jamais le chagrin ne nous trouve abatt'  U

J'ai vu 60 hivers, je pense avoir trou  V

Des amis que je tiens en réserve, au beau f'  X

Je crois à ce bonheur : comme moi, croyez-  Y

Et qu'un Dieu protecteur nous soutienne et nous  Z