mercredi 12 octobre 2022

France profonde




 Fiston et sa belle m'ont chargé d'un petit boulot pépère : aller surveiller les travaux de rénovation de leur maison bourguignonne. Il s'agit d'être à l'écoute des ouvriers, qu'ils aient à leur arrivée toujours un café corsé bien chaud, qu'ils ne manquent jamais de sodas ou de bières. Un job de retraité en somme, qui me convient d'autant plus que j'aime et la région et leur maison.

Me voici donc de nouveau Morvandiau.

La dernière fois que je suis passé ici c'était la fin de l'été, il y avait encore beaucoup d'activités : les vendanges n'avaient pas encore été faites, les labours battaient leur plein, restaient quelques maïs à moissonner. Mais aujourd'hui, en cette période pré-hivernale, je suis bien dans la France profon... dément assoupie.

Ça ne manque pas de charme ce silence, ces lumières dorées sur une nature immobile.

Ma vie se rythme ainsi : regarder les feuilles tomber, aller saluer mes amis les cochons dans leur enclos, dénicher les dernières noix négligées des écureuils (car souvent creuses hélas, pas si cons les écureuils...), alimenter le vieux Godin, et parcourir quelques pages de "La billebaude" de Henri Vincenot, l'écrivain du coin. Ainsi passent les journées, dans un engourdissement cotonneux des plus agréables. Ici s'oublient les violences du "vivre-ensemble", les sirènes hurlantes de Paris ; le soir je m'endors la porte ouverte sans nulle crainte.

Ce matin le soleil s'est levé dans un océan de brouillard. La vieille éolienne* en avait ses contours diffus, prenait des allures mystiques, n'était plus ce tas de ferrailles qu'elle est au grand jour. Ce soleil encore bas au travers de la brume, donnait au paysage des notes indiennes. 

Après dissipation des brumes matinales, temps calme et ensoleillé... 

Quand je pense que d'aucuns voudraient déverser sur ces îlots de tranquillité toute la misère du monde, j'enrage. Que peut bien avoir en rapport un Soudanais musulman avec le décor qui m'entoure ?

Rien, jamais rien, définitivement rien. 

Faudra bien qu'ils l'admettent un jour, là-haut...


            Maison assoupie


* Début 20ème. 

29 commentaires:

  1. "Être à l'écoute des ouvriers" : mais qu'est-ce que c'est que ce jargon post-moderne ?

    Personnellement, quand il y a des ouvriers (qui sont d'ailleurs plutôt des artisans…) chez moi, je veux bien leur rincer la dalle autant que besoin, mais plutôt crever que de les écouter !

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  2. Si ça se trouve, un Soudanais connaitrait bien mieux que vous la date des labours.

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    1. On retourne les chaumes dès la fin de l'été.

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    2. Je me permets de vous adresser ci-après le calendrier de la culture du sorgho telle que pratiquée au Soudan. La forme initiale en était un tableau assez simple mais comme vous n'allez pas manquer de temps j'ai cru ludique d'en mélanger le grain et l'ivraie. Sachant qu'il n'y a pas de décalage horaire avec le Soudan les indications horaires sont directement applicables.

      Calendrier de culture
      1 à 3 coupes
      mai à septembre
      Durée totale
      Séchage
      Labour de surface profondeur 50 à 60 cm
      2 mois minimum
      3 mois minimum
      8 à 11 mois 3 mois
      2 semaines sous abri
      4 semaines plein champ
      5 à 8 mois
      45 j.
      45 j.
      45 j. minimum
      mars à fin mai si beau temps
      avril à juin si Noël en avance
      Culture suivante 8 heures 30
      Culture précédente

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    3. C'est pourtant vrai que l'on fête Noël au Soudan...
      Combien d'églises et combien de divisions ?

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  3. On déchaume juste après la moisson, si la terre le permet, on laboure plus profond à ,l'entrée de l'hiver, savez vous ? J'ai fait le métier...

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    1. Au Soudan oui ! Mais en France le déchaumage est une opération culturale qui ne se limite plus à enfouir les pailles après la moisson. Dans l’agriculture moderne, c’est une technique en plein développement qui se pratique toute l’année pour préparer le sol en vue des semis, gérer les mauvaises herbes dans la rotation ou améliorer la structure du sol. Les matériels s’adaptent à ces défis agronomiques, Crénom de D. de putasserie diabolique ! C'est pas un agriculteur qui va m'apprendre à faire le paysan ou bien ?

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  4. On déchaume à la charrue ou l'on brûle. Au fond ça revient au même : engraisser la terre.
    Mais le brûlis est en perte de vitesse et n'évite pas l'étape de la charrue.

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  5. J'adore ce billet d'automne doré sur la tranche.

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  6. C'est ceux qui ne connaissent rien à l'agriculture qui en parlent le plus et le plus mal.

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    1. Et votre insistance confirme la vérité de cette sentence !

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    2. Ma foi je confirme que je suis pas paysan, j'observe ce qui se passe autour de moi, c'est tout...

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    3. Sacré león, t'est pas le fils d'un paon pour rien.... Tout dans la gueule et le paraitre !

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    4. Cher Monsieur qui a fait le métier. Une lecture attentive de mes chiures commentatrices vous montrera que votre point de vue pouvait être entendu. Pour ce qui est du paon vous confondez l'avant et l'arrière de la roue dont vous figurez si bien le centre.

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    5. Aussi loin que portent les yeux votre ignorance va...

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    6. ليون ليون ليون

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    7. Roi de Bayonne ?

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  7. "Que peut bien avoir en rapport un Soudanais musulman avec le décor qui m'entoure ?"
    Ce qui vous entoure n'est que secondairement un "décor". C'est essentiellement le résultat du travail des hommes. (Mettez-y leurs rêves, espoir, souffrances, amours, générations, morts, etc... si le mot travail vous semble trop limité) En ce sens la remarque d'anonyme sur votre connaissance du déchaumage est fondée. Ce qu'un Soudanais "peut avoir en rapport" avec le pays(age) c'est le travail qui le façonne, l'entretient consubstantiellement. Ce que vous-même (ou votre fiston et sa belle) ont en rapport avec ce "décor" est le renoncement (la trahison ?) d'une contemplation mélancolique.

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    1. Ce qui vous entoure n'est que secondairement un "décor". C'est essentiellement le résultat du travail des hommes. (Mettez-y leurs rêves, espoir, souffrances, amours, générations, morts, etc...
      Mais évidemment que mon choix du mot "décor" sous-tend tout cela, ça va de soi...

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    2. Alors il nous faut remercier tout ces bienfaiteurs urbains, parisiens, anglais, bataves, allemands, amateurs de maisons en bande et de déchaumage traditionnel qui rachètent le "décor" français et le mettent en valeur.

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  8. "Ce soleil encore bas au travers de la brume, donnait au paysage des notes indiennes."
    C'est joli, c'est vrai, même en Inde, mais à New Delhi, la pollution habituelle plus la pratique du brûlis agricole à l'entrée de l'hiver c'est terrible ! ( ce n'est pas une critique, juste un modeste témoignage )

    On a encore beaucoup de chance de vivre en France....
    SA ( mes initiales, pas Société Anonyme ! 😉)

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    1. Ah oui... Là en fait de pollution il ne s'agissait que de brumes matinales, pas trop dangereuses pour les bronches..

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  9. Fredi, accepterez-vous que je revienne commenter ici, sachant :
    1) que c'est la lecture des com de Léon qui m'ont donné l'envie de lire votre si joli billet.
    2) que j'ai bien conscience de faire partie de ces "lamentables connards" contre lesquels Jacques Étienne vous a mis en garde.
    Merci de vouloir bien me répondre.

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    1. Mais enfin Mildred je ne pense pas que JE vous ait classée dans la catégorie "des lamentables connards" !
      Et vos commentaires n'ont jamais cessé d'être les bienvenus...

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  10. A bientôt donc, dès votre prochain billet, en espérant que vous ne le regretterez pas !

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    1. en espérant que vous ne le regretterez pas !

      Et pourquoi le devrais-je ?

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Lâchez-vous ! Mais en gens bien élevés tout de même...