Pas de pause finalement. Pourquoi devrais-je en faire une ? En raison d'un commentateur psychorigide ?
mercredi 28 septembre 2022
mardi 27 septembre 2022
Le salut par les femmes *
Les événements qui se déroulent actuellement en Iran, me replongent dans un lointain passé, que j'avais déjà évoqué dans l'un de mes premiers blogs, m'offrent l'occasion de me souvenir de Bany.
C'était au début des années 80, et je l'avais rencontrée pour la première fois dans un bar-boîte-de-nuit délicieusement glauque du quartier Montparnasse-Vavin, tenu par un vieil américain, où elle s'était trouvé un petit boulot de serveuse.
Bany n'était pas son véritable prénom bien sûr, mais le diminutif du sien, imprononçable à nos oreilles occidentales. Mais bannie, elle l'était vraiment. Sa famille, qui était au service du chah d’Iran, fut contrainte à l'exil, se retrouva éparpillée aux quatre coins du monde. Elle, pour des raisons que j'ai oubliées, se retrouva à Paris, trouva refuge dans un petit studio étudiant de Meudon (oui, là, derrière la pharmacie, au pied de la côte qui monte à l'observatoire).
Elle était là, derrière le comptoir, le regard triste, ailleurs. J'ai tenté d'engager la conversation mais tout de suite elle m'a coupé la parole d'un geste et d'un mot : "vous perdez votre temps". J’ai joué les offusqués, "pardon mais je ne suis pas celui que vous croyez, je voulais juste discuter". Il faut croire qu'il y avait dans ma protestation un accent de sincérité...
J'ai souvent pris le train de Montparnasse à Meudon, voir une autre belle qui venait d'ailleurs. Elle se revendiquait Perse, pas du tout musulmane, de religion Zoroastrienne. L'Islam en Iran était pour elle un fâcheux accident, une défaite. Elle possédait une grande culture, savait tout de la musique et de la peinture, qu'elle pratiquait, avait un faible pour le Bordeaux (point commun que je partageais volontiers). J'ai vécu avec elle des moments d'érotisme inégalés. Elle me préparait des petits plats de chez elle puis, au milieu du repas, esquissait une danse orientale avant de servir la suite. Nous tombions la deuxième bouteille de Bordeaux. Et c'était le dessert. Alors elle mettait une musique douce, câline, et nous allions, dans cet espace si réduit, danser. Un à un nous enlevions nos vêtements, jusqu'à nous retrouver nus, dansant un slow inoubliable, inoublié, qui se finissait toujours à l'horizontale. Puis nous partions respirer dans les rues de Meudon : un détour par la petite chapelle orthodoxe, puis la côte qui monte à l'observatoire et son parc si romantique, avec sa vue de Paris, côte qui nique les jambes. La journée finissait. Bientôt elle me raccompagnerait à la gare RER.
Plus je la voyais plus j'étais amoureux. La passade devenait envahissante, obsédante. Je vivais un moment d'indécision, de flottement, de ces moments cruels qui nous laissent désemparés, hantent nos jours et nos nuits.
Un jour Bany est partie.
Elle avait bénéficié d'une sorte de "regroupement familial", avait enfin décroché un visa, et s'envolait demain pour le Canada.
Cette nouvelle fut un déchirement et un soulagement pour moi : j'étais incapable d'aimer deux femmes en même temps, et il m'aurait fallu un jour décider. J'ai souvent laissé la vie décider pour moi, je le dois à ma nature contemplative et rêveuse. Et sans doute a-t-elle bien fait ce jour où je n'ai pas protesté. Je ne le saurai jamais.
Longtemps l’automne, la saison où je l'ai rencontrée, fut une saison où bien après son départ, Bany venait me visiter en rêves, quand je croyais l'avoir oubliée. Me prenait alors une irrépressible envie de "monter" à Meudon, marcher seul le long des routes où nous allions auparavant. Jusqu'à ce qu'elle s'efface de ma mémoire.
Ce qui se passe en Perse actuellement me ramène à son souvenir.
*Sauf Sandrine Rousseau bien entendu...
dimanche 25 septembre 2022
mercredi 21 septembre 2022
Le droit de réponse de Perico Legasse
Suite à son intervention sur un plateau télé, j'avais adressé par mail à M. Perico Legasse le lien VERS LE BILLET QUE JE LUI AVAIS CONSACRÉ.
Je reçois aujourd'hui la réponse qu'il a pris la peine de me faire et que voici :
Mes propos ont été très mal interprétés ou c’est moi qui n’ai pas été clair. L’idée serait de proposer à des étrangers souhaitant s’intégrer en France, et à ceux là seulement, la possibilité de s’installer dans des territoires ruraux qui se meurent afin d’y développer, en accord avec les habitants et les élus, une agriculture durable et rentable dans le cadre d’un vaste programme national de réhabilitation des campagnes abandonnées. Il ne s’agit pas de parachuter des migrants qui prendraient la place des Français, ce projet serait odieux, mais au contraire de redynamiser des secteurs de la « France périphérique » abandonnés. Si des gens veulent faire de la France leur nouvelle patrie en contribuant à la renaissance de campagnes frappées par l’exode ou le désespoir, pourquoi ne pas tenter l’expérience. Nos agriculteurs sont souvent les grands perdants, voire les victimes de la mondialisation sauvage, ce serait formidable d’inverser le processus de ce fléau pour leur venir en aide. Cueillettes et vendanges ne se font bien souvent que grâce à de la main d’œuvre étrangère. Si certains d’entre eux veulent pousser l’expérience plus loin, pourquoi ne pas leur ouvrir certaines portes. Je n’ai suggéré autre chose. Je côtoie en permanence, sur le terrain, la détresse de nos paysans accablés, loin de moi la volonté d’aggraver leur malheur, bien au contraire.
Dont acte, même si je ne peux m'empêcher de trouver la nuance pour le moins très subtile...
dimanche 18 septembre 2022
Message de service
Devant l'incompréhension générale, l'envie de retirer ce billet me taraude...
II y a décidément trop de sujets sensibles, trop de livres définitivement proscrits, maudits pour l'éternité.
Pourtant, je reste convaincu que celui dont il est question dans ce billet a un intérêt historique.
C'est fait...
samedi 17 septembre 2022
PERICO LEGASSE
Le martyr de notre pays n'en finira donc jamais...
J'avais beaucoup d'estime pour cet homme, son engagement pour la ruralité, la défense des terroirs et leurs produits de qualité.
Mais ça c'était avant. Avant cette prise de parole qui m'a laissé incrédule, désabusé ; révolté :
La folie a l’état pur
— Franck (@aelinel64) September 17, 2022
Ainsi donc après le massacre, commencé avec Jacques Chirac, de notre paysannerie, le remembrement, les faillites des petites exploitations, les pendaisons par centaines de nos agriculteurs, il conviendrait d'allouer aujourd'hui à des migrants "un petit lopin de terre" avec, cerise sur le gâteau, "un accompagnement social" dont nos paysans, avant la corde, n'ont jamais bénéficié, et ce pour revivifier nos campagnes...
Mais qu'avons-nous fait grands dieux pour mériter tels châtiments, tels acharnements !!!???
Oui, c'est bien la folie qui gouverne notre pays, et nous n'en voyons pas la fin. La France est son terrain de jeu où elle se livre débridée aux plus hasardeuses des expérimentations.
Merde !
mardi 13 septembre 2022
Bouffer de la reine
Je ne voudrais pas commettre un crime de lèse-majesté, mais franchement la mort d'Elisabeth II je m'en fous royalement.
Je ne comprendrai jamais ceux qui se passionnent pour ce genre d'événement : " l'avion vient de décoller d'Édimbourg et monte vers les cieux qu'elle rejoindra bientôt" ; elle est passée par ici et repassera par là ; le cortège avance doucement en respectant scrupuleusement la signalisation ; il est attendu ici d'ici quinze à vingt minutes, selon la circulation. Spectacle nul, archi-nul. Je ne suis pas loin de rejoindre le camarade Mélenchon : bouffer de la reine pendant dix jours c'est indigeste. Plus indigeste encore est ce vain peuple larmoyant, agglutiné sur le parcours, attendri, attristé, quand la plupart du temps il regarde crever son voisin sans aucune compassion. Cette passion pour le sort des puissants est à gerber. Il me détecte, me dégoûte ce peuple. J'ai envie... j'ai envie de lui pisser à la raie, il ne mérite pas mieux.
En attendant, royauté ou pas, l'Angleterre ne ressemble plus à rien. L'Angleterre s'effondre sous le poids de son multiculturalisme choisi. Il n'y a plus que Paris-Match pour feindre de croire que les royautés représentent quelque chose...
Et les fastes de ces jours-ci n'y changeront rien.
Great Britain no for example
dimanche 11 septembre 2022
La France est un chef-d'œuvre
J'ai quitté il y a quelques jours mon bas-Vivarais adoré. J'en ai d'ailleurs fait un cliché sous le présent billet. Ce bas-Vivarais est un exemple d'harmonie entre l'homme, son habitat et la nature, même si, pour satisfaire aux lois scélérates dites SRU, on a tendance à y construire de plus en plus de l'habitat bas de gamme en périphérie de ses villages historiques.
Là, je fais escale dans la maison de fiston à une poignée de kilomètres de Vézelay, au pied du Morvan. Et c'est encore un enchantement. Très différent bien sûr des collines riantes de l'Ardèche provençale. C'est, ici, un paysage de bocages, de vallons et de bois, où alternent de magnifiques demeures et de pauvres masures. C'est la Bourgogne à la fois riche et pauvre, pas celle des grands vins, non, celle un peu abandonnée. Elle est surtout riche de son bâti, de ses paysages à peine entachés par quelques bâtiments agricoles démesurément grands, bâtiments qui ont sacrifié la beauté à la modernité fonctionnelle, à la rentabilité, conditions pour la survie d'une activité qui n'a plus grand chose à voir avec l'ancienne paysannerie.
L'autre bâti, avec un point d'orgue en majesté, Vézelay, ce sont les édifices religieux. La région en est foisonnante. Pour arriver ici je suis passé par un petit village absolument charmant qui a pour nom Saint-Père, où l'on trouve une église remarquable, qui semble fragile de prime abord, si gracile sur ses colonnades que l'on se demande comment elle fait pour tenir sur de si frêles jambes. En fait c'est surtout son porche qui renvoie cette impression là, pour le reste elle a l'air bien solide. Elle a été sauvée par Viollet-le-Duc et vous trouverez ICI son histoire.
Dans le village de fiston, j'ai rencontré cet après-midi deux personnes. Un vieux monsieur tout d'abord, alors que j'étais entré dans le cimetière, qui semble l'accès unique et naturel à l'entrée de l'église. Dans le genre "homme souviens toi que tu es poussière et que tu retourneras poussière" c'est assez efficace comme message sur le paroissien... Sur la porte de l'église, qui était fermée, était punaisée une affiche. On pouvait y lire les avis de passages du curé, les dates et horaires des différentes messes qu'il y donnerait, parcimonieuses et très étalées dans le temps les messes : ça courait sur toute la saison de l'automne. J'ai refermé la porte du cimetière qui, pour respecter ce que l'on sait des portes de cimetières, a grincé sur ses gonds.
Il était là devant moi. Il m'a fait un salut militaire que je lui ai rendu ponctué d'un "repos !" final pour lui démontrer que moi aussi je savais m'amuser. "Ça va ?" qu'il m'a fait. "Bien, merci, lui ai-je répondu, je voulais visiter l'église mais elle est fermée. Je vais voir s'il y a une autre entrée de l'autre côté". Mon Dieu qu'il était vieux... Quel âge pouvait-il avoir ? Et sec avec ça. Des yeux bleus très pâles dont je sentais bien qu'ils me sondaient. Peut-être pensait-il que j'étais un pilleur de sépultures... il m'a suivi alors que je contournais le bâtiment. Mais il n'y avait pas d'autre entrée. Alors j'ai contemplé la vue que l'on avait d'ici.
- qu'est-ce que tu fais ?
Décidément il ne me lâchait plus et me tutoyait déjà...
- je mate le paysage.
- hein...?
- j'embrasse le paysage.
- quoi ?
- je regarde le paysage !...
- ah... le matin on peut voir des chevreuils là-bas.
- et des sangliers ?
- ah non, pas de sangliers, ils sont partis loin dans les forêts, ils connaissent la date de l'ouverture de la chasse...
- ah bon ? Et les chevreuils, il ne la connaissent pas la date d'ouverture de la chasse ? Personne ne les a prévenus les chevreuils ? Et ce chemin il va où ?
- il va à l'hôpital. On peut y aller par la route, mais c'est plus court par le chemin.
Et il me désignait du bout de son bâton la direction de l'hôpital, mais moi, à l'infini, je ne voyais que des bois. C'était une situation assez particulière. On aurait dit un dialogue de Giono nous deux, du Giono dans le Morvan en somme. On sentait bien que lui, s'il se résignait un de ces quatre d'aller y finir ses jours dans cet hôpital, ce serait par le chemin qu'il s'y rendrait. Un jour il claquerait la porte en disant "allez zou ! C'est aujourd'hui qu'on y va !" Mais il avait encore du temps : il ne devait avoir que cent-dix ans à tout casser...
L'autre personne que je croisais, était une femme un peu moins âgée, même si ses cheveux grisonnaient allègrement. Dans ce village, qui n'est pourtant pas si grand, mais qui a une tendance à l'étalement, je m'étais égaré. Je ne retrouvais plus la maison de fiston. Elle était là s'occupant des fleurs qui ornent son muret. Alors je lui donnais comme indication géographique le monument aux morts qui est proche de la maison. Elle me confirma que je m'engageais dans la mauvaise direction et m'indiqua le bon chemin. De fil en aiguille nous commençâmes une petite conversation. Selon elle la vie avait bien changé ici depuis trente ou quarante ans. Les gens qui s'en allaient, soit pour la ville soit pour le cimetière, n'étaient guère remplacés. Elle parlait très bien cette dame on sentait une excellente éducation et même que de l'éducation elle en avait peut-être fait son métier. Elle avait un temps envisagé, la retraite venue, de déménager vers des cieux plus cléments. Mais, avec tout ce que l'on savait désormais sur les bouleversements climatiques, est-ce que ça en valait vraiment la peine ? Ailleurs était-il mieux qu'ici ? Elle n'en était plus si sûre. Elle me posait la question et je n'avais pas la réponse.
Je la remerciais et finis par retrouver la maison de fiston.
jeudi 8 septembre 2022
L'au revoir à "S"
J'ai un rapport ambigu avec "S".
Après un long séjour me vient l'envie de la fuir. Les trop courts passages d'amis, ceux, quotidiens, de la chienne chapardeuse de la voisine, ne suffisent plus : il faut que je parte.
Alors dès le matin du jour choisi, je referme les volets : fuyant ma solitude je la referme sur la sienne. Et déjà un sentiment de tristesse m'envahit. J'ai l'impression d'abandonner une vieille maîtresse qui m'a donné sans compter tant de bonheurs, de la trahir. Alors je caresse une dernière fois ses vieilles pierres, lui dis, d'une voix qui s'étrangle, "t'inquiète pas ma belle, je reviendrai. Cet automne ou au printemps prochain, qui sait...tiens bon !"
Et je m'enfuis sans me retourner, les yeux humides.
mercredi 7 septembre 2022
mardi 6 septembre 2022
Cumulonimbus
Viens, viens...! C'est une prière, viens ! N'aie pas peur ! Je n'ai pas peur ! Je t'attends et je t'espère !
vendredi 2 septembre 2022
Après l'orage
Quand l'orage a passé, qu'il s'en est allé vers l'est, abattre ses furies tonnantes, venteuses et diluviennes sur d'autres lieux, J'AIME ÉCOUTER CETTE MUSIQUE LÀ . Elle est pour moi celle de l'apaisement, de la réconciliation ; de la sérénité retrouvée.
Les collines alors, gorgées d'eau, se mettent à fumer. Dans les jours suivants, longtemps, elles restitueront cette eau aux ruisseaux qui murmureront de nouveau.
J'écris, je l'avoue, ce billet un peu en avance, car si l'orage gronde autour de moi, il n'est pas encore passé.
Disons que je me prépare...