mardi 9 août 2022

Mémoires du Capitán Alonso de Contreras




C'est un livre bien étonnant que je suis en train de lire. Est-ce "P" ou "T" qui l'aura déposé ici à "S" ? Sur la petite bibliothèque de guingois que j'ai façonnée de mes mains ? 

Qu'importe...

Il s'agit des mémoires du Capitán Alonso de Contreras, qui vécu à cheval sur le 16ème et 17ème siècle. L'édition que j'ai entre les mains est préfacée par Jünger. Jean Dutourd, en quatrième de couverture, en parle comme d'un chef-d'œuvre. 

Il ne s'agit pas d'un roman, même si ça se lit comme un roman : nous sommes encore loin, très loin, du siècle des romantiques, qui chialaient et se suicidaient au moindre amour contrarié, inventaient la collection "Harlequin".

Non.

Ce serait plutôt une comptabilité, un livre de bord, où seraient scrupuleusement notés toutes les flibusteries, les pirateries, les attaques et abordages, les pillages du glorieux capitaine. Tantôt pour son enrichissement personnel (très vite dilapidé), toujours au nom de la chrétienté, contre les Turcs et les Maures. Une comptabilité froide et factuelle, avec à gauche la colonne des morts, des esclaves capturés, et à droite celle des profits. Le tout sans une once de morale ou de scrupule : tu me trahis je te perfore de ma lame ; tu me trompes et je te livre à dix nègres qui feront de toi ce qu'ils voudront ; tu veux me combattre ? Combattons ! 

Et ce avec l'assurance que procuraient à ces hommes la noblesse et la chevalerie, qui savaient encore discerner où étaient le bien et le mal, l'utile et le nécessaire, l'impérieux et le négligeable ; qui ne craignaient pas l'au-delà. 

Livre autobiographique rendu incompréhensible à nos temps déréglés, et dans lequel je me sens si bien... 

Ah que n'ai-je vécu bon sang 

Entre quatorze et quinze cent... 

EN SAVOIR PLUS

17 commentaires:

  1. Au moins en ces époques-là il n'était pas utile à quiconque d'inventer des épidémies puisqu'on bénéficiait partout en Europe de pestes noires absolument formidables !

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  2. "Les mémoires de A de C", préfacée par J, et postfacée par D...!


    ...!

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    1. 😁
      J'ai pensé à vous en écrivant ce billet !
      Je me suis même demandé "en ai-je mis assez ?" 😊

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  3. Ah que n'ai-je vécu bon sang
    Entre quatorze et quinze cent...

    Cher Fredi, vous êtes foutrement moyenâgeux! N'appréciant pas plus ce siècle qui commence que la fin du précédent, je me demande parfois quand et où aurais je pu naitre pour connaitre une époque plus enthousiasmante. Pour le lieu, la France s'impose, quant à l'époque je crois que la première moitié du 17ème reste ma période favorite même si être un contemporain de Villon ou de votre Capitan n'est pas mal non plus.

    La Dive

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    1. C'est vrai, mais la vérité c'est que j'ai toujours eu une passion pour le 19e siècle qui me semble un siècle de grande ébullition...

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    2. Le XIXème est probablement mieux que notre époque. Balzac, Barbey, Flaubert, Blois, Baudelaire, Verlaine, Hugo, Melville, Wilde, tous les russes et beaucoup d'autres auraient mérité que nous suivions leur blog. Les musiciens et les peintres de cette époques nous enchantent encore et nous aident a supporter les temps présents. De plus, en Europe, les conditions de vie commencent à s'améliorer, les pestes et les famines se font plus rares et la vie dans les campagnes et les bourgs devaient être assez agréable comme en témoigne encore les constructions et les peintures impressionnistes de cette époque. Ceci n'est pas à négliger dans le cas ou notre machine à remonter le temps nous fit naitre simple tâcheron dans une campagne isolée. Mais, comme Murray la si bien expliqué dans le "XIXème à travers les âges", le XIXème est aussi à l'origine de beaucoup des tracas qui nous tourmentent aujourd'hui.

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    3. Là encore je suis d'accord avec vous (comme avec Muray (un seul "r") d'ailleurs)...

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  4. Inconnu de moi, votre capitaine (et je me demande pourquoi les éditeurs français n'ont pas jugé bon de traduire l'espagnol capitàn), mais il a l'air intéressant.

    Pour ce qui est du XIXe siècle, je suis entièrement d'accord pour aller y vivre… à condition que la machine à voyager dans le temps me permette de revenir maintenant chaque fois que j'aurai mal aux dents. Non parce que, les dentistes de l'époque, merci bien, hein !

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  5. mais il a l'air intéressant.

    Il l'est !
    Je pense que c'est votre came...

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    1. L'édition que je lis ne semble pas être la pire de toutes celles qui ont été faites si j'en crois Wikipédia.

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  6. J'ai toujours été fasciné par la cavalerie de marine. Discerner le bien et le mal quand on n'y voit que passif et actif est un exploit comptable.

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    1. En plus de tout le reste, vous avez le chic d'ouvrir pour nous des gouffres de perplexité !

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    2. Il est comme ça Léon, on ne le refera pas... ☺️

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    3. Des abîmes, chère Mildred, des abîmes ! En souvenir des "Ménines"... Mais se mettre en abyme dans le billet de notre hôte manque de correction.
      Un livre de plus à commander. Merci Fredi.

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  7. Mais qui parle de le changer ? Vous n'avez donc pas compris, qu'à lui tout seul, il est un véritable chef d'oeuvre sur pattes ! Enfin, pour le "sur pattes" j'espère pour lui !

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Lâchez-vous ! Mais en gens bien élevés tout de même...