vendredi 26 août 2022
Rêve érotique
jeudi 25 août 2022
Trois jours
Trois jours pour discuter du prix du gaz, nous mettre à genoux devant des gens qui nous détestent et que nous détestons.
C'était si simple pourtant, du temps de la colonisation...
mercredi 17 août 2022
Toute la pluie tombe sur nous
Il était temps, je devenais fou...
L'autre jour en revenant des courses je me disais "tout de même l'eau était bien sale ce matin au sortir de la pompe"... Comme un nécessiteux qui se refuse à consulter son compte bancaire de peur d'y voir la catastrophe, je reportais au lendemain de remonter le ruisseau jusqu'au gour où je puise notre eau. Mais cette fois-ci j'étais décidé à en avoir le cœur net. Le premier gour que je traversais, et dans lequel j'avais encore de l'eau jusqu'à la taille il y a un mois de ça, était totalement à sec. C'était de mauvaise augure... Je me rassurais en me disant que le mien était quatre à cinq fois plus grand, plus profond aussi. J'avais tort... Y parvenant enfin, la "catastrophe", qui n'était encore jamais arrivée avant ce maudit été 2022, en tout cas pas à ma connaissance, s'étalait à mes yeux consternés : ce gour si vaste, si généreux, à l'ombre des figuiers et des noyers était lui aussi totalement tari. Ne subsistaient plus que quelques flaques où quelques dizaines de vairons et d'ablettes vivaient le stress de leurs derniers instants. La crépine de ma pompe affleurait à la surface d'une eau mêlée de vase. Si j'avais tiré ne serait-ce que 20 litres de plus j'étais bon pour un fastidieux réamorçage.
Pour les poissons je ne pouvais plus rien. J'aurais pu me munir d'un seau, remonter plus haut le ruisseau à la recherche d'un hypothétique trou épargné, mais il m'aurait fallu traverser une jungle de ronces peuplée de guêpiers : je les ai abandonnés à leur triste sort...
Aujourd'hui les promesses de Météo-France jusqu'alors non tenues semblent se réaliser enfin : il pleut.
Mais, en éternel insatisfait, en pessimiste patenté, je doute que cette pluie bienvenue ne suffise à refaire murmurer le ruisseau.
mardi 16 août 2022
Canicule, Rome 1624
Huit jours plus tard, le comte, mon maître, me commanda d'aller avec deux carrosses de voyage à lui, à six chevaux, chercher les señiores cardinaux Sandoval, Spinola et Albornoz, qui arrivaient d'Espagne et avaient débarqué au port de Palo, à vingt milles de Rome. De même il m'ordonna de les convier de sa part à descendre en sa maison, où il leur tenait prêt un grand logement.
À Palo, où leurs Éminences étaient installées au château, je fis mon ambassade. Ils en firent grand cas, mais ils répondirent qu'ils ne comptaient pas entrer à Rome par ces dangereuses chaleurs, mais s'établir quelque part alentour. Cette résolution prise, je les suppliai d'y bien regarder et de placer le service du roi avant tout, tellement qu'ils se hasardèrent à risquer leur santé. Deux heures avant la nuit, il firent mettre en ordre leurs carrosses de voyage, car ils en avaient dix-sept.
Les trois señiores cardinaux prirent place dans le carrosse du comte, mon maître, et leurs camériers et moi dans l'autre. Et de piquer des deux pour que le soleil ne les frappât point. Bref, je fis si dextrement que j'entrai à Rome au petit matin avec les seuls deux carrosses du comte mon maître, sans qu'aucun des dix-sept autres m'eût pu suivre. C'est de la sorte que je les amenai au logis de très bonne heure, le jour de Saint-Pierre qu'on présente la haquenée au pape. Ils furent logés dans la maison du comte, mon maître, chacun dans son appartement, avec le luxe et le bien-être qu'on peut croire, ainsi que leur camériers et autres valets.
Ils demeurèrent là jusqu'à tant qu'ils eussent trouvé des maisons, ce qui dut prendre un mois, et ils y furent visités par tout le Collège des cardinaux et régalés par le comte, mon maître. Moi, je m'en retournai à mon hôtellerie où je demeure présentement et demeurerai jusqu'à ce que Son Excellence me commande autre chose, car je ne désire rien tant que de la servir.
Je dois dire encore quelque chose que je tiens pour un miracle. Ces señiores entrèrent à Rome le jour de Saint- Pierre, qui est l'un de ceux ou le péril de la chaleur est le plus fort : pourtant, de toute la maison qu'ils amenaient avec eux et qui montait à plus de trois cents personnes, il ne mourut personne ; bien mieux, Leurs Éminences n'eurent point mal à la tête : d'où je tire que ce qu'on raconte des dangers de la canicule n'est que hâbleries. Il est vrai qu'à Palo je leur recommandai à tous de se bien garder du soleil et, en arrivant à Rome, de s'enfermer, moyennant quoi ils n'auraient rien à redouter des changements de temps.
Mémoires du Capitán Alonso de Contreras
lundi 15 août 2022
Carte postale 2
Il s'agit du pont romain de Viviers, Ardèche.
À quelques mètres de lui il y a un un rond-point qui fut longtemps occupé par les Gilets Jaunes.
C'est tout...
dimanche 14 août 2022
Carte postale
Saint-Montan est sans doute l'un des plus beaux villages de la région, mais ils sont si nombreux ici que j'aurais du mal à établir une hiérarchie.
Le plus curieux c'est que pour parvenir à Saint-Montan il faut d'abord... descendre un col interminable.
Bon... Je sais...
Sur le plateau qui précède on passe par un charmant village, Lussas, qui vaut le détour rien que pour son église classée du XIIE siècle :
Mais revenons à Saint-Montan. C'est un village plein de vie, jugez plutôt : pour quelques âmes il ne compte pas moins de six bistrots, presque autant de gargotes où souper. C'est un régal pour les yeux que de déambuler dans ses ruelles (un peu raides) moyenâgeuses. Je me souviens que jadis on pouvait monter jusqu'aux ruines du château, gratuitement, à ses risques et peril d'ailleurs, ruines qui n'étaient pas sans rappeler celles d'un château Cathare comme Peyrepertus. Aujourd'hui c'est devenu payant. Mais c'est pour la bonne cause : pour éviter que les ruines ne le deviennent davantage, sécuriser les lieux aussi. Et puis un sou est un sou, et nos petites communes, si riches en patrimoine, en manquent cruellement, nonobstant la bonne volonté de Stephane Bern.
Alors, si vous passez dans ma région, n'hésitez pas à descendre à Saint-Montan.
Photos :
jeudi 11 août 2022
La lune rousse
Car voici qu'au fond du ciel
Apparaît la lune rousse
Saisi d'une sainte frousse
Tout le commun des mortels
Croit voir le diable à ses trousses
Valets volages et vulgaires
Ouvrez mon sarcophage
Et vous, pages pervers
Courrez au cimetière
Prévenez de ma part
Mes amis nécrophages
Que ce soir, nous sommes attendus dans les marécages
Voici mon message
Cauchemards, fantômes et squelettes
Laissez flotter vos idées noires
Près de la marre aux oubliettes
Tenue de suaire obligatoire
Elfes, faunes et farfadets
S'effraient de mes grands carnassiers
Une muse un peu dodue
Me dit d'un air entendu
"Vous auriez pu vous raser"
Comme je lui fais remarquer
Deux-trois pendus attablés
Qui sont venus sans cravate
J'vous fais remarquer
Elle me lance un oeil hagard
Et vomit sans crier gare
Quelques vipères écarlates
Vampires éblouis par de lubriques vestales
Égéries insatiables chevauchant des Walkyries
Infernal appétit de frénésie bacchanale
Qui charment nos âmes envahies par la mélancolie
Satyres joufflus, boucs émissaires
Gargouilles émues, fières gorgones
Laissez ma couronne aux sorcières
Et mes chimères à la licorne
Car Lucifer en personne
Fait une courte apparition
L'air tellement accablé
Qu'on lui donnerait volontiers
Le Bon Dieu sans confession
S'il ne laissait, malicieux
Courir le bout de sa queue
Devant ses yeux maléfiques
Et ne se dressait d'un bond
Dans un concert de jurons
Disant d'un ton pathétique
Que les damnés obscènes
Cyniques et corrompus
Fassent griefs de leur peines
À ceux qu'ils ont élus
Car devant tant de problèmes
Et de malentendus
Les dieux et les diables
En sont venus à douter d'eux-mêmes
Quel dédain suprême
Esprits, je vous remercie
De m'avoir si bien reçu
Cocher, lugubre et bossu
Déposez-moi au manoir
Et lâchez ce crucifix
Décrochez-moi ces gousses d'ail
Qui déshonorent mon portail
Et me chercher sans retard
L'ami qui soigne et guérit
La folie qui m'accompagne
Et jamais ne m'a trahi
Champagne
mardi 9 août 2022
Mémoires du Capitán Alonso de Contreras
C'est un livre bien étonnant que je suis en train de lire. Est-ce "P" ou "T" qui l'aura déposé ici à "S" ? Sur la petite bibliothèque de guingois que j'ai façonnée de mes mains ?
Qu'importe...
Il s'agit des mémoires du Capitán Alonso de Contreras, qui vécu à cheval sur le 16ème et 17ème siècle. L'édition que j'ai entre les mains est préfacée par Jünger. Jean Dutourd, en quatrième de couverture, en parle comme d'un chef-d'œuvre.
Il ne s'agit pas d'un roman, même si ça se lit comme un roman : nous sommes encore loin, très loin, du siècle des romantiques, qui chialaient et se suicidaient au moindre amour contrarié, inventaient la collection "Harlequin".
Non.
Ce serait plutôt une comptabilité, un livre de bord, où seraient scrupuleusement notés toutes les flibusteries, les pirateries, les attaques et abordages, les pillages du glorieux capitaine. Tantôt pour son enrichissement personnel (très vite dilapidé), toujours au nom de la chrétienté, contre les Turcs et les Maures. Une comptabilité froide et factuelle, avec à gauche la colonne des morts, des esclaves capturés, et à droite celle des profits. Le tout sans une once de morale ou de scrupule : tu me trahis je te perfore de ma lame ; tu me trompes et je te livre à dix nègres qui feront de toi ce qu'ils voudront ; tu veux me combattre ? Combattons !
Et ce avec l'assurance que procuraient à ces hommes la noblesse et la chevalerie, qui savaient encore discerner où étaient le bien et le mal, l'utile et le nécessaire, l'impérieux et le négligeable ; qui ne craignaient pas l'au-delà.
Livre autobiographique rendu incompréhensible à nos temps déréglés, et dans lequel je me sens si bien...
Ah que n'ai-je vécu bon sang
Entre quatorze et quinze cent...
vendredi 5 août 2022
Bossus
Bossu.
Je suis le bossu des Romarins.
Nous sommes des milliers, des millions de bossus des Bastides, de Massacan, et je ne sais pas quel crime nous payons.
Je fais depuis quelques jours une chose que je n'avais jamais faite : je mets des pastilles de chlore dans mon eau de vaisselle pour la garder plus longtemps, lui ôter cette odeur de végétation en putréfaction, pour ne pas allumer la pompe aussi. Et le soir je regarde les étoiles cruelles puis, sur le site "Météociel", les prévisions des jours à venir. Parfois je m'endors confiant : 15mm prévus dans trois jours... 15mm ! 15 litres d'eau au mètre carré ! Mazette ! Le ruisseau va de nouveau chanter ! Le lendemain sur le même site la promesse s'est envolée...
Je ne mise plus sur le prévu, espère dans l'imprévu.