Sur l'incroyable bouillon de culture que fut l'Aquaboulvard durant ces dernières heures un peu chaudes, comme dans bien d'autres lieux de détente et de loisirs désormais sous SURVEILLANCE POLICIÈRE, je ne résiste pas à vous soumettre ce texte de l'irremplaçable FATHER MACKENZIE.
Tous les écrivaillons de Causeur ou de Boulevard Voltaire, aussi méritants soient-ils, tous les commentateurs des chaînes "info en continu", et encore moins les pauvres blogueurs dont je suis, ne lui arriveront jamais à la cheville.
Repose en paix mon ami, tu es vivant puisque je pense à toi tous les jours, dans ce monde que tu as choisi de quitter.
Le migron
Au contact de l’eau chlorée et en l’absence de femelles, le migron
subit une transformation hormonale qui lui permet d’entamer son étrange
cycle de reproduction ovipare, qui combine hermaphrodisme et
métamorphoses. Le canal ovipare s’ouvre alors momentanément dans le
cloaque, et l’ovulation du « mâle » se fait par l’évacuation des fèces
dans le milieu liquide.
Pendant la même phase de reproduction qui se tient toujours dans un
bassin d’eau tiède et agitée -dit jacuzzi- dont le milieu oxygéné et
brassé est favorable à la dissémination des ovules et à leur séparation
des matières fécales, un ou plusieurs migrons mâles, déféquants ou non,
sollicités par le stimulus sensoriel de l’eau souillée, répandent alors
leur sperme directement dans le milieu
aquatique, généralement par onanisme. Encore que l’on puisse observer
quelques cas d’insémination anale directe sur un partenaire précis du
groupe, activement individuelle ou collective**, cas où la fécondation
est alors interne et externe mais toujours suivie d’évacuation
excrémentielle, la fécondation des ovules se faisant essentiellement
dans l’eau du bassin. Les œufs ont l’aspect de petits globules noirs
noyés dans une substance gélatineuse et transparente.
Il est à noter que ce processus autorise un certain pourcentage
d’autofécondation, qui croît avec la diminution du nombre de
partenaires.
Des cas de migrons onanistes déféquant isolés ont été signalés par la
science moderne, mais en général on assiste plutôt à des comportements
collectifs de parades prénuptiales, singularisés par des « chants »
rauques et des démonstrations de virilité du type claquement de
nageoires et concours de bite, assez semblables aux comportements des
pinnipèdes dans les pataugeoires des rookeries où les phoques mâles
isolés attendent les femelles dont la migration démarre un à deux mois
plus tard.
L’œuf fécondé entame alors un cycle rapide métamorphique. Il est
avéré que la présence de chlore est nécessaire à cette mutation. Dans
son milieu naturel, le migron se reproduit comme n'importe quel
étranger, ce n’est que lors de la migration de grandes hordes de mâles
vers les frayères de l'Ouest et sous certaines conditions que ce
processus reproductif se déclenche. L'ensemble des conditions
biotopiques nécessaires a été nommé « Merkelisation » par les
biologistes modernes. Il est parfois aussi nommé Machen und Scheiße, (foutre et merde) en honneur aux deux prénoms de la Chancelière.
Profitant des nutriments des fèces flottant dans l'eau du jacuzzi, l'œuf se transforme en quelques minutes en larve appelée têtard à cause
de la grosseur de sa tête ; son corps est cylindrique, terminé par une
queue aplatie. La larve est munie d’un système branchial qu'elle ne
perdra que lors du cycle suivant lorsque, évacuée par le système d'épuration de la piscine, elle finira par rejoindre le milieu fluvial
puis marin, où elle connaitra alors une rapide transformation en migron
adulte bipède.
Le migron mâle adulte alors doté de poumons perd ses facultés
natatoires et s’accroche par grappes à une quelconque épave, dérivant
vers l’Ouest. Il pourra alors entamer un nouveau cycle merkelien et
rejoindre la génération précédente à la piscine, à la condition
toutefois de rencontrer son hôte : l'humanitaire. Car le migron adulte
est avant tout un parasite et un commensal.
Ce complexe système de reproduction est une remarquable illustration
des possibilités de la Nature et de la capacité des espèces à s'adapter
à des contraintes environnementales exceptionnelles.
Ici c’est un mammifère qui a emprunté - sous la pression
démographique et devant l'opportunité du vide territorial de
territoires lointains peuplés seulement d’humanitaires - des stratégies
reproductrices empruntées aux batraciens, aux lemmings et aux
parasites intestinaux.
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** On a même observé quelques cas de pénétration collective en
couronne assurant ainsi un rôle mâle et femelle à tous les partenaires,
il s'agit d'un cas extrême d'optimisation génétique.
Rajout de dernière minute :
Father aurait été heureux ce soir...