dimanche 5 décembre 2021

Paris-Kaboul



Mais qu'est-ce qui m'a pris bon sang... Comme si la météo n'était pas suffisamment déprimante. 

Prendre le RER "B" à Denfert-Rochereau, en sortir à gare du Nord est une expérience "enrichissante" en soi. C'est un peu comme si vous aviez pris un supersonique qui vous aurait déposé quinze minutes plus tard quelque part entre Kaboul et Bamako. Gare du Nord une voix dans les haut-parleurs annonçait "Paris Gare du Nord", comme de juste, et pourtant j'avais l'impression qu'elle mentait. J'ai rejoint Barbès. Un autre monde encore... Les prolos ont bien changé depuis Zola. Il n'y retrouverait plus son "Assommoir" et de "Nana" encore moins. Peut-être l'Assommoir est-il devenu cette boutique de mode pour jeunes filles rangées, voilées et bien cachées ? J'étais venu voir ici à quoi pouvait bien ressembler une manifestation "d'antifas". Mais d'antifas, il n'y avait point. Juste la faune habituelle qui s'interpelle dans une sorte de Provençal en plus rocailleux. Ils sont comme ça les antifas ; ils ne sont rien ni personne mais quand ils s'agrègent à un cortège faut qu'ils en fassent des tonnes, qu'ils se fassent remarquer...

À défaut de passer en revue les troupes en lutte contre le retour de la peste brune, je me suis engagé sous le métro aérien et j'ai marché, marché, dans une atmosphère aussi sinistre qu'une BD de Tardi, croisant parfois des revendeurs de cigarettes et même une pauvre vieille qui promenait sa solitude, seule représentante du beau sexe entraperçue dans ces parages.

J'aurais pu, j'aurais dû, me trouver à Villepinte plutôt qu'ici. Mais Villepinte c'est bien loin pour entendre un discours d'une heure dont j'ai l'impression de connaître chaque mot par cœur. Depuis le temps que je suis Zemmour, bien avant qu'il ne me dédicace "Petit frère", l'un de ses tout premiers romans, je crois que je peux anticiper ses phrases, ses  réponses aux journalistes comme ses discours.

Arrivé place de Stalingrad, que les craqueux semblent avoir désertée, j'ai bifurqué sur l'avenue Secrétan et remonté jusqu'au parc des Buttes-Chaumont. Là j'ai pris à gauche en longeant le parc, passant devant la mairie puis j'ai remonté la rue de Crimée. À mi-chemin environ, je me suis arrêté le cœur serré devant l'immeuble et j'ai pensé à "P". C'est avec lui que j'aurais aimé la faire cette balade. J'ai marché encore, suis passé devant le bar de L'Olympe, là où "Zeus m'appelle son petit frère*..."

C'en était assez pour aujourd'hui. Au métro "Buttes-Chaumont" j'ai dévalé l'interminable escalier : il était temps de rentrer chez moi.

*Rien à voir avec le roman de Zemmour.



9 commentaires:

  1. Pourquoi s'infliger une balade aussi déprimante?
    Orage

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  2. J'allais dire exactement la même chose qu'Orage (que je salue au passage).

    Le masochisme ethno-culturel devrait avoir ses limites, bon sang !

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    1. Arf !
      Et à l'instant je lui répondais en faisant le même diagnostic que vous ! 😃

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  3. Vous feriez mieux de vous réjouir avec moi que la planète entière fasse sienne la belle chanson de Jojo la Boulange "J'ai deux amours, mon pays et Paris".
    Non mais !

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  4. Nous ne connaissons pas notre chance! Le dépaysement total au prix du ticket de métro c'est
    tout de même un sacré progrès, non? Ah, non...bon, vous avez peut être raison après tout.
    En tout cas vous avez bien de la chance d'en être sorti sain et sauf.
    Amitiés.

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    1. Le dépaysement total au prix du ticket de métro c'est
      tout de même un sacré progrès, non?


      C'est encore trop cher payé à mon avis. La Mairie de Paris devrait me rembourser le ticket pour la vision du ce cloaque...
      Amitiés too !

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Lâchez-vous ! Mais en gens bien élevés tout de même...