samedi 25 septembre 2021

Botticelli



Aujourd'hui ma belle, d'un coup de pied énergique dans le mien, m'a tiré du canapé où je gisais dans une sieste rêveuse. À noter qu'il n'y a qu'elle qui peut se permettre pareille chose : n'importe qui d'autre se mangerait illico un pâté de phalanges et irait moucher rouge dans la minute.

- je t'emmène voir l'exposition "Botticelli".

- je n'ai pas de passe...

-eh bien va t'en faire un à la pharmacie du coin !

Cinq minutes plus tard je me faisais chatouiller le nez. Dix de plus et tombait sur mon smartphone le précieux (bien qu'inutile) laisser-passer : j'avais une perm de 72 heures. À moi terrasses, boîtes de nuit et salles obscures !

Et musées donc. 

De tous les musées parisiens, le musée Jacquemart-André n'est pas le plus grand mais certainement l'un des plus beaux, situé dans un ancien hôtel particulier du XIXè d'une imposante architecture. 

Mais, sans plus attendre, quelques photos de l'exposition :





PS :
Pour mesurer le génie de Botticelli, on zoomera dans la photo en tête de ce billet. 

jeudi 23 septembre 2021

D'un film l'autre, plutôt l'autre

 


L'autre soir je m'étais mis en tête de revoir "Les liaisons dangereuses" de Stephen Frears tiré du roman éponyme, dont je n'avais plus guère de souvenirs.

Mais, très vite, je me suis rendu compte que je n’en avais rien à f... de tous ces poudrés-perruqués, de leurs complots d'alcôves, de leurs vices et leurs dépravations sadiques. C’est à croire que pour Stephen Frears, comme pour l'auteur du roman, le XVIIIè siècle ne se résumerait qu'à une vaste coucherie, que rien ne s'y serait fait de grand, de beau, de noble. Que les hommes de ce temps décadent l'auraient occupé à se refiler la vérole. Que, sans doute, était là la raison pour laquelle nous n’avions pas su conserver l'Amérique qui nous revenait de droit. Et que la fête commence... 

J'ai donc zappé et suis tombé sur les "Deux Frères" de Jean-Jacques Annaud qui, diffusé sur une chaîne privée, venait à peine de commencer. 

Quel bonheur de revoir ce film ! Jean-Jacques Annaud n'est pas de ces cinéastes qui se foutent de la gueule du monde, et de "La guerre du feu" à "Stalingrad", en passant par "Le nom de la rose" ou "Coup de tête", toute sa filmographie en témoigne. Dans tous ses films on reste admiratif devant le travail accompli, la rigueur, le soin apporté aux moindres détails. C'est également vrai dans "Deux frères", avec un Vietnam époque coloniale remarquablement reconstitué bien que gentiment moqué, voire tourné en ridicule (beaucoup de scènes et de dialogues gaguesques). Mais, surtout, on est jaloux de cet enfant qui s'endort aux côtés d'un bébé tigre comme nous le faisions avec notre chaton, qui joue à cache-cache avec lui. Et, en ce siècle qui ne tardera plus à accorder une âme aux animaux, dans la continuité de la loi du 10 juillet 1976 (article L214) qui leur reconnaissait déjà une sensibilité, on se laisse aller sans retenue à cet anthropomorphisme que nous propose J-J Annaud, où l'homme révèle sa bestialité et l'animal son humanité. On se résigne avec Sangha à la captivité, au renoncement, à l'abandon de la vie même. 

Mais, de leur passage parmi les hommes, les deux frères en auront tiré une bonne leçon qui, à la fin du film, les sauvera tous les deux...

Pour l'anecdote il se trouve que ce film fut coupé de trois longues pages de publicité durant lesquelles je me rabattais sur le débat entre les deux écolos finalistes sur LCI, en vue du second tour de leur primaire de samedi prochain. Me croirez-vous ? Je suis tombé respectivement sur l'importante question des transgenres, sur celle non moins importante des réfugiés Afghans, ainsi que des réfugiés du monde entier pour faire bonne mesure, plus un autre thème du même tonneau dont j'ai oublié la teneur. Du bien-être animal, de l'abattage rituel, du sort des abeilles comme de l'écologie en général, j'ai l'impression qu'il en fut très peu question tout au long de ce débat.

Avec Jean-Jacques Annaud j'étais décidément en bien meilleure compagnie...

lundi 20 septembre 2021

Aphorisme nocturne et désabusé

 

Emmanuel Macron ou un quinquennat à demander pardon à la terre entière.

Mais à nous rien.

Journées du patrimoine*

 


 

 *En attendant celles, encore en gestation, DU MATRIMOINE.

Hier ma belle et moi avons fait notre journée du patrimoine. Une journée un peu paresseuse, à quatre pas de notre maison à "l'Institut Giacometti" rue Victor Schœlcher dans le 14ème arrondissement.

Giacometti est ce sculpteur qui sembla trouver l'inspiration dans les momies égyptiennes. Plutôt bien côté, je trouve pour ma part qu'il est un artiste assez secondaire.

Mais vous pourrez en juger vous-mêmes au travers des quelques photos suivantes :  








 

mercredi 15 septembre 2021

Métissez-vous !

 

Je ne comprends pas pourquoi les publicitaires s'évertuent à nous vouloir demain tous métis, nez épaté, café au lait, cheveux crépus.

Ça consomme mieux, et surtout plus un métis ? Ça prend plus facilement un croum pour acheter ce dont il n'a pas les moyens un métis ? C'est plus docile et plus crédule, plus manipulable un métis ? En un mot comme en cent, c’est plus con un métis ? 

Qu'est-ce donc que cette autre forme d'eugénisme, cette injonction au mélange, où veut-on nous emmener ?

Si vous tombez sur une page de publicité, vous remarquerez qu'en ce début de siècle le couple modèle est formé d'une blanche et d'un noir, et le bambin est un petit métis. Croit-on vraiment se débarrasser du racisme de cette façon ? J'y vois pour ma part la continuation de l'obsession de la race et, dans toutes les nuances du métissage, il y en aura toujours une plus blanche que l'autre.

Mais le métis serait-il le nouveau consommateur idéal ?

Sinon comment expliquer ceci  (228 publicités pour cette vidéo) :


samedi 11 septembre 2021

La fin d'un monde

 


La prochaine fois que j'entrerai à Saint-Sulpice ou bien ailleurs, j'irai bruler un cierge ou deux au premier Saint venu. Et je ne mettrai pas un rond dans le tronc : je viens de lire le livre de Patrick Buisson, "La fin d'un monde".

Si "la fin d'un monde" commence par la mise à mort du vieux monde paysan, décidée sous de Gaulle puis poursuivie avec ferveur par le très moderne Pompidou, avec ses cohortes de remembrements, de destructions de haies, d'endettements de petits paysans (chose nouvelle dans une ruralité jadis soucieuse de ne jamais rien devoir à personne), le livre de Patrick Buisson s'attarde surtout à ce qu'il considère comme le fait majeur qui se produisit à l'aube des trente glorieuses : l'accélération de la déchristianisation du pays, aidée en cela par le concile de Vatican II. Il y consacre les deux tiers de son livre. 

De Vatican II j'en étais resté à ce qui aurait pu paraître qu'une "réformette" : la célébration de la messe face aux fidèles, l'abandon du latin (qui offrit à G. Brassens l'occasion de l'une de ses plus célèbres chansons : "Tempête dans un bénitier"), la communion dans la main, plus deux ou trois broutilles de ce genre. Ignorant que j'étais... Vatican II allait bien au-delà de ces points de détail.

Soucieuse de ne pas apparaître ringarde, d'entrer de plain-pied dans la modernité, l'Église et son clergé réformateur, ses prêtres progressistes, se débarrassa en 1963 de tout ce qui l'ennuyait, qui faisait pourtant ses charmes et ses attraits depuis près de deux mille ans. Elle qui s'était opportunément greffée sur les rites païens en vigueur en terre des Gaules, décida qu'il était temps d'en finir avec l'archaïsme des grands pardons, la bénédiction des moissons, les hosannas pour les coucourdes, la vénération des Saints locaux, les kermesses, etc, etc. Il fallait repousser l'idolâtrie, le paganisme mâtiné de christianisme, revenir à une spiritualité pure, retrouver le chemin des châteaux Cathares. Tout un petit peuple, mais pas moins catholique, s'en trouva fort déboussolé sinon désemparé : si l'Église ne croyait plus à son message bimillénaire, pourquoi devrions-nous la suivre encore ? De plus en plus les églises sonnèrent le vide.

Patrick Buisson rapporte cette anecdote croustillante qui m'a inspiré l'introduction de ce billet. Un curé parisien, gagné par la fièvre réformatrice, décida de se débarrasser de toutes les statues des Saints qui ornaient son église. Il alla les revendre au marché aux puces. Son délire d'épuration n'alla pas jusqu'à bazarder la Vierge  Marie. Mais, lassé de voir des traces de rouge à lèvres sur les pieds de cette dernière, traces laissées par des dévotes reconnaissantes d'une maternité ou en espérant une, il décida de surélever la statue d'un mètre cinquante. Aux pieds de Marie ce fut alors une profusion de cierges. À l'occasion d'un diner avec l'un de ses coreligionnaires, il lui fit part de son intention de supprimer les cierges et s'entendit répondre par son vis-à-vis, tapant son assiette du dos de la fourchette, "n'oublie pas que tu manges du cierge". Le bon curé, et on le comprend, abandonna son idée. D'ailleurs, et Patrick Buisson n'en parle pas dans son livre, personne ne songea à l'époque à fermer Lourdes, qui débite du cierge et de l'eau bénite en quantité astronomique...

La réforme ne s'arrêtait pas là.

L'église se devait aussi d'apparaître moins culpabilisante, moins contraignante, plus inclusive, dirait-on aujourd'hui. Le diable et le purgatoire furent considérées comme vieilleries désuètes, l'obligation de faire "maigre" le vendredi devint facultative, le passage au confessionnal accessoire pour peu que l'on était "au clair avec sa conscience", le baptême demandait des parents une réflexion d'au moins un mois, au risque d'une mort prématurée sans viatique pour le paradis. Ce qui fit dire à une paroissienne interrogée sur ces évolutions ce mot savoureux :

"Autrefois, dans les missions, on nous commentait les tableaux. On nous montrait le chemin du ciel : oh, mon Dieu, qu'il était étroit et il fallait monter très haut, très haut ! Ce chemin était difficile !... Maintenant, on l'a sans doute goudronné."

Pour finir cet autre aspect de l'Église nouvelle au début des années soixante : de tout temps elle s'était trouvée aux côtés du pouvoir (le sabre et le goupillon), de tout temps elle avait cherché qui serait le nouveau César. Or il se trouva qu'en ces années-là, peu de temps après la guerre, le nouveau César se trouvait au Kremlin, que les idées socialisantes, communistes, avaient le vent en poupe y compris dans la douce France. Et c'est ainsi que nous vîmes pour la première fois des prêtres porter la bonne parole à l'usine, devenir "prêtes-ouvriers", Rome s'abstenir de condamner les brutalités du régime soviétique. Le communisme, contre toute évidence, était un humanisme comme un autre, digne d'intérêt pour une Église qui avait définitivement perdu tous ses repères. Une autre forme de trahison des élites, cléricales celles-là.


Nos églises sont vides. Et pourtant il aurait suffi que l'Église resta ce qu'elle avait toujours été.

La chrétienté populaire et festive est morte, dynamitée de l'intérieur par des artificiers qui ne la connaissait que trop bien. 

Qu'ils restent entre eux.


Merci à Patrick Buisson pour ce moment d'intelligence.