L'autre soir je m'étais mis en tête de revoir "Les liaisons dangereuses" de Stephen Frears tiré du roman éponyme, dont je n'avais plus guère de souvenirs.
Mais, très vite, je me suis rendu compte que je n’en avais rien à f... de tous ces poudrés-perruqués, de leurs complots d'alcôves, de leurs vices et leurs dépravations sadiques. C’est à croire que pour Stephen Frears, comme pour l'auteur du roman, le XVIIIè siècle ne se résumerait qu'à une vaste coucherie, que rien ne s'y serait fait de grand, de beau, de noble. Que les hommes de ce temps décadent l'auraient occupé à se refiler la vérole. Que, sans doute, était là la raison pour laquelle nous n’avions pas su conserver l'Amérique qui nous revenait de droit. Et que la fête commence...
J'ai donc zappé et suis tombé sur les "Deux Frères" de Jean-Jacques Annaud qui, diffusé sur une chaîne privée, venait à peine de commencer.
Quel bonheur de revoir ce film ! Jean-Jacques Annaud n'est pas de ces cinéastes qui se foutent de la gueule du monde, et de "La guerre du feu" à "Stalingrad", en passant par "Le nom de la rose" ou "Coup de tête", toute sa filmographie en témoigne. Dans tous ses films on reste admiratif devant le travail accompli, la rigueur, le soin apporté aux moindres détails. C'est également vrai dans "Deux frères", avec un Vietnam époque coloniale remarquablement reconstitué bien que gentiment moqué, voire tourné en ridicule (beaucoup de scènes et de dialogues gaguesques). Mais, surtout, on est jaloux de cet enfant qui s'endort aux côtés d'un bébé tigre comme nous le faisions avec notre chaton, qui joue à cache-cache avec lui. Et, en ce siècle qui ne tardera plus à accorder une âme aux animaux, dans la continuité de la loi du 10 juillet 1976 (article L214) qui leur reconnaissait déjà une sensibilité, on se laisse aller sans retenue à cet anthropomorphisme que nous propose J-J Annaud, où l'homme révèle sa bestialité et l'animal son humanité. On se résigne avec Sangha à la captivité, au renoncement, à l'abandon de la vie même.
Mais, de leur passage parmi les hommes, les deux frères en auront tiré une bonne leçon qui, à la fin du film, les sauvera tous les deux...
Pour l'anecdote il se trouve que ce film fut coupé de trois longues pages de publicité durant lesquelles je me rabattais sur le débat entre les deux écolos finalistes sur LCI, en vue du second tour de leur primaire de samedi prochain. Me croirez-vous ? Je suis tombé respectivement sur l'importante question des transgenres, sur celle non moins importante des réfugiés Afghans, ainsi que des réfugiés du monde entier pour faire bonne mesure, plus un autre thème du même tonneau dont j'ai oublié la teneur. Du bien-être animal, de l'abattage rituel, du sort des abeilles comme de l'écologie en général, j'ai l'impression qu'il en fut très peu question tout au long de ce débat.
Avec Jean-Jacques Annaud j'étais décidément en bien meilleure compagnie...