jeudi 15 juillet 2021

Écobuage

 



Fredi débroussaille.

Avec une machine qui fait un bruit infernal, vous laisse les bras en compote, tout tremblotant.

Alors évidemment, quand j'éteins la bécane, que je regarde le travail accompli, je suis content de moi. Mais je sais combien le combat est inégal : qu'une année vienne à manquer de bras vigoureux, et toute une jungle de nuisibles, opportuniste, faite de ronces et d'arbustes épineux dans une connivence diabolique, aura effacé tous mes efforts.

Fredi débroussaille.

Et ça m'a fait me souvenir d'un temps lointain, quand R. venait me donner un petit coup de main dans ma lutte contre l'envahissante nature. Il arrivait avec une demi douzaine de vieux pneus, quelques ballots de paille. On disposait le tout dans des endroits stratégiques, puis il aspergeait la paille d'un peu de gasoil. On grattait une allumette.... Alors on ouvrait une "16" pour contempler le spectacle, les belles volutes noires qui s'envolaient dans le ciel bleu de l'automne. C'était rigolo... On appelait ça l'écobuage... J'suis pas sûr que c'était très "eco"...

Mais c'est fini tout ça.

Forbidden !

Allumez seulement un tas de branches mortes qu'aussitôt un drone, tel un gros bourdon, viendra stationner au-dessus de vous. Et dans la quinzaine vous recevrez la contredanse bien salée qui vous fera passer vos envies pyromanes.

On ne peut plus rien faire... 

mardi 6 juillet 2021

Hôtel du Nord





 Hier j'ai revu "Hôtel du Nord", et j'avais oublié combien ce film, qui est une histoire de passions, de suicides plus ou moins réussis, dans un Paname populaire en diable, est une vraie merveille du cinéma français. Jouvet et Arletty en sont les comédiens principaux comme chacun sait. Mais Pierre et Renée y sont parfaits également. 

Le provincial en visite à Paris ou le touriste amerloque, passant près du canal Saint-Martin et apercevant l'Hôtel du Nord, pourrait se dire "c'est ici que fut tourné le chef-d'œuvre de Marcel Carné" . Or il n'en n'est rien. Le lieu n'est que l'inspiration du décor qui fut entièrement reconstitué dans les studios de Boulogne-Billancourt. Tout, du pont sur le canal Saint-Martin, de l'hôtel même, comme de la gare où a lieu la tentative de tentative de suicide n'est que carton-pâte. (C'est assez visible dans cette scène où Pierre fait mine de vouloir se jeter sur les voies ferrées en contrebas d'un pont, ça l'est moins pour le reste du film.) 

Ces studios de Boulogne Billancourt je les ai bien connus. Ceux du quai du Point-du-Jour comme ceux de la rue de Silly. Quai du Point-du-Jour je crois bien avoir assisté au tournage de l'une des scènes du tout dernier film fabriqué  ici. Pour l'occasion, on avait reconstitué sur le plus grand plateau, un bateau et toute une machinerie pour simuler le roulis de la houle. C'était dans les années 90 et je me souviens d'être resté fasciné, impressionné car c'était impressionnant, par ce bateau qui, entouré de fonds verts (des cyclos) où l'on allait incruster la mer, les vagues et les éclairs d'orage, grinçait déjà comme un vieux gréement. On applaudit, à Cannes ou ailleurs, les stars sur tapis rouge. On s'extasie de dialoguer avec Thomas Pasquet dans sa station orbitale. On oublie un peu facilement la somme de matière grise qui a rendu la chose possible.

Mais déjà la télévision se faisait envahissante. D'Épinay à Joinville-le-Pont en passant par Boulogne, le 7e art était sommé de lui faire une place, de lui céder ses plateaux. Sur un plateau voisin de la scène évoquée plus haut, on travaillait déjà à l'abrutissement des masses. Le quai du Point-du-Jour et la rue de Silly sont désormais propriétés de Canal+. Des plateaux du quai du Point-du-Jour il ne reste rien. Ceux de Silly, à côté des jardins d'Albert Kahn où ils sont momentanément sauvés, sont squattés par des énergumènes qui, toute honte bue, y font des comptes rendus de matchs de football ou bien encore des émissions débilitantes fort appréciées d'une certaine jeunesse.

Mais si un jour vous traversez la Seine par le Pont d'Issy et pénétrez dans Boulogne, dites-vous qu'ici furent tournés des chefs-d'œuvre comme "Hôtel du Nord".

jeudi 1 juillet 2021

Anniversaire




Même si tout le monde s'en fout il faut quand même que je lui dise :

Aujourd'hui j'ai 60 ans.

Je suis né un premier juillet, jour qui devrait être parmi les plus souriants s'il n'était aussi notoirement celui de l'augmentation du prix du gaz et de l'électricité, de la baisse des indemnités chômage et de la hausse de la CSG. Mais pardon, moi je n'y suis pour rien...

60 balais...

J'ai l'impression de frapper à la porte du grand âge... Mais timidement hein, discrètement... Surtout que l'on ne soit pas pressé de m'ouvrir :

Je bande encore et il y a une heure à peine j'avais vingt ans.